Eviter la surveillance numérique est devenu presque impossible. Les technologies numériques et internet sont rendus chaque jour un peu plus indispensables dans nos vies.

Du côté pile, les communications explosent, le e-commerce nous permet d’acheter une infinité de produits, la télétransmission automatique des diverses données révolutionne la gestion des entreprises, la digitalisation des supports permet de renforcer la sécurité publique et la collecte de l’impôt, d’éviter les déplacements dans les centres administratifs… C’est formidable.

Du côté face, c’est une autre histoire qui s’écrit. Eviter la surveillance numérique des Etats et des sociétés privées devient de plus en plus compliqué, surtout quand ces deux mondes travaillent main dans la main. La capacité des GAFA à collecter de données sensibles est extraordinaire : empreintes digitales, points de reconnaissance faciale, mots de passe, liens sociaux, conversations… le déverrouillage des technologies numériques est une véritable boite de Pandore.

Toutes les technologies et tous les services que vous utilisez ne sont pas toujours gratuit, mais une chose est sûre : vous êtes le produit et tout est fait pour que vous ne puissiez plus éviter la surveillance numérique.

Identifier et éviter la surveillance numérique, la collecte de vos données et les intrusions dans votre vie privée

Au 21ème siècle, les machines nous regardent, nous regardons les machines, et tout le monde espionne tout le monde.

Les médias sociaux collectent chaque interaction, geste, achat, commentaire que nous faisons en ligne. Ils s’imposent en une présence omnisciente dans nos vies qui peut prédire toutes nos préférences.

En somme, un miroir aux alouettes aux mille facettes modelé par les utilisateurs qui se piègent eux-mêmes et où la pensée humaine intime est la marchandise qui est réellement commercialisée.

Ces mêmes outils sont massivement utilisés par les lobbys financiers pour truquer le jeu politique. Les démocraties occidentales sont lourdement manipulées par des organismes puissants qui s’appuient sur des sociétés spécialisées dans la propagande digitale de masse.

Au-delà de vos données privées, ce sont vos schémas comportementaux qui sont collectés et analysés.

Big Brother is watching you.

Récolte et exploitation de mégadonnées complexes : le Big Data

L’activité digitale de milliards d’êtres humains connectés génère une masse de données pharaonique. Une montagne de déchets invisible en dehors des champs de datacenters jalousement protégés par les grands acteurs du nouveau monde : Google, Microsoft, Apple, Amazon, Facebook…

Que des sociétés philanthropiques qui protègent vos intérêts.

Une fois raffinées, ces données valent de l’or : c’est ce que l’on appelle génériquement le « big data », soit l’analyse de mégadonnées pour en sortir des schémas, des tendances… en résumé savoir à quoi pense la foule, ce qu’elle veut, ce qu’elle prévoit, ou plutôt comment dire à la foule quoi penser, quoi vouloir, quoi faire et quoi voter.

Le big data, ce sont les mots clés que vous utilisez lors de vos conversations téléphoniques , les messages que vous envoyez, les vidéos que vous regardez, les recherches que vous effectuez, les sites et sujets que vous consultez, les signaux GPS que vous émettez, les enregistrements de vos achats en ligne…

Et bien d’autres choses encore.

Big Brother is you, watching.

Jusqu’ici, vous avez pensé à l’historique internet de votre ordinateur et à vos vagabondages sur votre smartphone. Mais la surveillance numérique ne s’arrête pas là et vous offrez bien plus que ça au monstre insatiable qui se nourrit de vos mots et de vos pensées. Et vous l’alimentez à chaque fois que vous grillez votre cerveau à errer sur le net ou sur les réseaux sociaux pour tuer le temps.

Ceux qui disent qu’ils n’ont rien à cacher devraient plutôt se demander ce qu’ils ont à montrer. Ce n’est pas parce que je n’ai pas honte de l’endroit où je vis que j’invite des inconnus à entrer chez moi et à fouiller dans mes tiroirs.

Voyons maintenant de quels tiroirs on parle et quelles sont les technologies qui récoltent des informations sur vous au quotidien, pour appuyer notre OPSEC et tenter d’échapper à la surveillance numérique généralisée.

Votre smartphone vous espionne

  • Données biométriques

Votre appareil enregistre une ou plusieurs de vos empreintes digitales ainsi que vos points de reconnaissance faciale si vous activez ces modes de déverrouillage et d’authentification. Reste à savoir si l’appareil est en mesure de le faire sans votre consentement, et il y a de fortes chances que ce soit le cas.

NB : le scan rétinien a été développé de manière fonctionnelle pour l’activation des smartphones, mais il a été mis de côté en raison des complexités liées à l’environnement d’utilisation, en particulier la faible luminosité.

  • Géolocalisation

Vous êtes géolocalisés par votre téléphone portable que vous ayez activé le GPS ou non. Votre position est connue à chaque fois que votre téléphone borne sur une antenne réseau. Impossible d’échapper à la surveillance des opérateurs.

Passez votre chemin devant les téléphones d’ancienne génération comme le Nokia 3310 devenus prétendument intraçables. Ce n’est que du marketing pour petites frappes de cité. Du moment que votre carte SIM est insérée dans un terminal qui borne sur le réseau mobile, vous apparaitrez sur le radar.

  • Données personnelles

L’intégralité du contenu de votre smartphone est enregistrée (appels émis et reçus, contenu de vos diverses messageries, notes, contacts, photos, vidéos, historique de navigation web, etc.).

  • Surveillance en temps réel

Le microphone et les objectifs de votre smartphone sont exploités par les applications que vous installez et peuvent sans mal être activés à distance. Tout cela peut s’avérer dérangeant si vous n’aimez pas qu’on mette le nez dans vos affaires.

éviter surveillance smartphone

Obstruer la caméra frontale de votre portable et le poser dans une autre pièce quand vous avez des discussions sensibles est le minimum syndical pour éviter la surveillance numérique via votre smartphone.

Vos comptes digitaux vous trahissent

Vos comptes et services gouvernementaux (impôts, carte vitale, « passeport vaccinal », etc.), votre boite mail, votre espace bancaire digital et tous vos comptes numériques au sens large collectent et centralisent vos données.

Ils permettent bien sûr de savoir d’où vous vous connectez, pourquoi vous le faites et même sur quel type de terminal (marque, modèle, numéro de série).

Vous le savez déjà, les réseaux sociaux permettent de cartographier vos liens sociaux et de connaître, à peu de choses près, à peu près tout sur vous y compris vos opinions politiques et les personnes sur qui vous fantasmez en secret.

Eviter surveillance facebook

Comme tous vos terminaux numériques (smartphones, ordinateur, tablette, etc.) sont interconnectés grâce à ces comptes, tout ce que vous faites sur internet vous rend totalement transparent pour qui veut voir à travers vous.

Quelles que soient les précautions que vous pensez prendre.

Saviez-vous que même les requêtes que vous n’envoyez pas sont enregistrées ? Savoir ce que vous n’osez pas rechercher est aussi intéressant voire plus intéressant que le reste.

La publicité ciblée vous énerve ?

Vous n’avez pas la moindre idée de la tonne d’informations que vous laissez aux régies publicitaires à chacune de vos recherches sur le web. Liste des sites consultés avant et après, durée de connexion, géolocalisation IP, frappes clavier, mouvements de votre curseur, etc.

Et je ne parle que des informations que les régies publicitaires sont capables de collecter. D’autres organismes sont capables d’aller bien plus loin dans la surveillance numérique.

Les objets connectés vous étudient

Tous les objets connectés enregistrent vos habitudes, vos modes de fonctionnement et leurs interactions avec les autres dispositifs connectés.

L’arrivée en fanfare de la « maison connectée » (électroménager, systèmes de sécurité, compteurs gaz/électricité, etc.) est une abomination totale en termes de vie privée et de sécurité.

Les « assistants personnels » (Amazon Echo et Alexa, Google Home, Google Nest, etc.) enregistrent et transmettent les mots-clés de vos conversations à des fins marketing (est-ce si difficile d’appuyer sur un bouton qu’il faille maintenant commander les appareils à la voix et s’exposer à la surveillance numérique 24h/24 ?).

Les montres « intelligentes » (montres GPS, Android watch, Apple watch, etc.) sont des mouchards redoutables : elles enregistrent votre position, toute l’activité liée à votre smartphone (appels, messages, etc.) ainsi que vos données biométriques si elles sont équipées de ces fonctions (rythme cardiaque, température corporelle, nombre de pas, etc.).

caméras de surveillance domestique

Vous trouvez que les caméras de surveillance wifi qu’on trouve maintenant partout sont géniales ? Prenez le temps d’analyser votre connexion et vers où partent les paquets, vous constaterez que vous n’êtes pas seul à avoir accès aux images.

Si vous cherchez à éviter la surveillance numérique, ne braquez pas de caméras sur vous.

Les ordinateurs surveillent votre activité

Les ordinateurs sont sans danger pour votre vie privée tant qu’ils ne sont pas connectés à internet. Attention, cela ne veut pas dire que mettre votre ordinateur hors ligne suffira à protéger votre vie privée : une machine servant à traiter des données sensibles ne doit jamais être reliée au réseau pour éviter la surveillance numérique.

Désactiver ou retirer la carte réseau de la carte mère de votre ordinateur est le meilleur moyen de s’assurer qu’aucune donnée ne pourra être transmise par celle-ci à votre insu. Car oui, un paquet de données fuite de vos machines sans que vous ne vous en rendiez compte.

On est d’accord, un ordinateur sans connexion à internet est aussi utile qu’un presse papier sauf à s’en servir de stockage sécurisé pour les photos de famille et les documents administratifs confidentiels.

Vous faites confiance à la navigation privée de votre navigateur pour ne pas laisser de traces ? Vous croyez que des réseaux multi-proxy ou des serveurs mails ultra sécurisés vous protègent ? Cherchez à qui ces services appartiennent et par qui ils sont financés avant de les utiliser.

Quand je cherche à attraper une souris, je lui donne du fromage.

Les périphériques et logiciels des ordinateurs ne sont pas inoffensifs

Le micro et la webcam intégré de vos machines peuvent être activés à distance et doivent impérativement être recouverts de duct tape (ou purement et simplement cassés pour ceux qui ne font pas dans la demi-mesure).

Les scanners et imprimantes sont dotés de micrologiciels de surveillance numérique capables de détecter ce que vous scannez et de vous empêcher de le faire si vous enfreignez la loi. Des dispositifs de marquage invisibles à l’œil nu sont également intégrés à vos impressions dès lors qu’un symbole administratif est détecté sur le fichier à imprimer. Ce marquage intègre à minima la date, l’heure, le numéro de série de l’imprimante utilisée et sûrement d’autre données telles que l’IP de la machine si elle est reliée au réseau.

Essayez de scanner un billet de banque ou un document officiel puis de le modifier dans (au hasard) Photoshop. Lancez l’impression plusieurs fois et voyez ce qui se passe.

Vos pièces d’identité biométriques vous fichent irrémédiablement

Les passeports et cartes d’identité biométriques contiennent votre état civil mais aussi vos caractéristiques physiques et 2 de vos empreintes digitales (index des deux mains).

Les données biométriques de tous les détenteurs de passeports et CNI biométriques sont stockées dans une base de données appelée « DELPHINE » (pour « Délivrance de passeports à haute intégrité de sécurité »).

Certains doivent trembler qu’un gouvernement décide de croiser ces données avec celles enregistrées par la Police Technique et Scientifique dans le cadre de leurs investigations…

Demandons-nous ce qu’il serait advenu des milliers de personnes qui ont pris la fuite avec de fausses pièces d’identité durant la Seconde Guerre mondiale si ce dispositif de surveillance numérique avait existé à l’époque… et ce qui adviendra dans le futur si une telle situation se représente.

Vos paiements vous suivent à la trace

Votre carte de crédit et vos comptes en ligne indiquent votre position à chaque retrait, paiement ou virement que vous effectuez.

Il faut des données biométriques complètes pour ouvrir un compte en ligne, même offshore.

Vous comptez sur le cash pour être discret ? Les règlements en liquide sont plafonnés à 1000€ et l’argent cash finira sans doute par disparaitre purement et simplement.

Les titres de transports en commun donnent votre position

Vos cartes de transports en commun, lorsqu’elles sont nominatives, permettent de savoir quels trajets vous effectuez (date, heure, fréquence, etc.).

Votre véhicule enregistre tous vos faits et gestes

Votre véhicule, s’il est équipé d’un GPS embarqué, enregistre tous vos déplacements et bien plus que ce que vous soupçonnez.

Sachez qu’une vaste gamme d’informations personnelles sensibles est stockée discrètement dans les consoles d’infodivertissement et divers autres ordinateurs présents dans les véhicules modernes.

Vos destinations récentes, emplacements préférés, journaux d’appels, listes de contacts, messages SMS, e-mails, photos, vidéos, flux de médias sociaux et l’historique complet de navigation du véhicule sont enregistrés.

tracker espion voiture

Avant on avait un TomTom et la radio, ça marchait bien aussi.

Votre plaque minéralogique permet également de suivre vos déplacements grâce à la vidéosurveillance (en ville, dans les parkings et aux péages…).

Tous les véhicules vendus seront bientôt également équipés d’une boite noire. L’apparition de ce dispositif se fera à partir de mai 2022 pour les véhicules neufs et de 2024 au plus tard pour les voitures d’occasion.

Il s’agira d’un boîtier connecté ou d’une simple mise à jour du logiciel embarqué pour les modèles qui intègrent déjà un ordinateur de bord moderne.

Cette « boite noire » enregistrera l’utilisation des différentes fonctions du véhicule, la vitesse, les phases d’accélération et de freinage, le port de la ceinture de sécurité et les coordonnées GPS et ne sera analysée « qu’en cas d’accident ».

Votre compteur d’électricité Linky enregistre votre présence et vos routines

Les compteurs Linky, en plus d’être une arnaque totale pour le consommateur, sont des mouchards connectés qui permettent de savoir si vous êtes chez vous et quels appareils électriques vous utilisez.

Ils permettent également de délester certaines zones géographiques en cas de besoin, ce qui pourrait s’avérer dommageable si vous vous y trouvez.

Sachez qu’en dépit des discours commerciaux agressifs d’Enedis, absolument rien ne vous oblige à accepter un compteur communiquant Linky.

Si vous avez encore votre compteur classique, surtout gardez-le et rapprochez-vous des collectifs stop linky de votre région pour connaitre la procédure (très simple) de refus.

La reconnaissance faciale est presque imparable

La généralisation de la vidéosurveillance et les progrès dans le domaine de l’intelligence artificielle ont contribué à faire de la reconnaissance faciale une des technologies les plus prometteuses en termes de sécurité publique – ou de contrôle des peuples, diront certains esprits chagrins.

La reconnaissance faciale est un outil redoutable de surveillance numérique. Si vous pouvez choisir de ne plus utiliser les différents outils et services qui permettent de vous pister, vous ne pouvez pas vous défaire de votre visage.

Vous pensez encore que ces technologies sont peu fiables ? Prenez le temps d’explorer les fonctionnalités de votre smartphone.

Les applications natives de gestion des photos et des vidéos intègrent des logiciels de reconnaissance faciale bien moins performants que ceux utilisés par les régimes autoritaires, mais bien assez performants pour vous reconnaitre en dépit de tous vos efforts.

J’ai fait le test avec une perruque blonde, avec différents chapeaux et casquettes, avec ou sans barbe, avec différents types de lunettes y compris solaires et sous différents angles… la seule chose qui a déjoué la reconnaissance faciale de mon smartphone vieux de 4 ans est le port du masque, et on parle ici de technologie grand public déjà largement obsolète.

Un jour ou l’autre, d’une façon ou d’une autre, toutes les données collectées sur vous seront croisées ou rendues publiques.

Pour protéger votre liberté et votre vie privée, vous devez limiter votre dépendance aux nouvelles technologies créées pour vous asservir et éliminer autant que possible vos interactions avec les services numériques.

éviter la surveillance numérique

Si vous voulez avoir un semblant de vie privée et éviter la surveillance numérique vous devrez changer vos habitudes, de pays, ou de planète.

Protégez-vous.

Légendat