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01. Inattention et sanction immédiate
01. Inattention et sanction immédiate
La plupart des gens ne prête aucune attention à son environnement immédiat. En permanence absorbés par les préoccupations du quotidien ou par l’écran de leurs smartphones, ils se déconnectent de la réalité qui les entoure et se placent ainsi en position de faiblesse, incapables d’anticiper quoi que ce soit. Les salles d’attente des urgences médicales et les morgues sont remplies de personnes ayant payé au prix fort leur manque d’attention : du piéton renversé au sujet d’une chute mortelle en passant par la victime d’un vol à l’arraché, nombreux sont ceux qui auraient gagné à analyser leur environnement avant de le subir violemment.
Les automobilistes accomplis savent qu’il existe une « science » de la route : l’attention constante portée aux comportements et trajectoires des autres véhicules a créé en eux une base de connaissances et de schémas situationnels qui leur permet d’anticiper le danger et d’adapter leur conduite en conséquence. Il existe au même titre une science de la préservation qui s’acquiert par une attention constante à son environnement. Il n’est bien sûr pas question de rester les yeux écarquillés à scruter les alentours, mais plutôt de se maintenir dans un état de conscience tranquille permettant de réagir rapidement en cas de besoin, comme c’est le cas en conduite automobile.
01.1 Les niveaux d’attention et de réactivité
Pour illustrer les différents états d’attention, le Marine et théoricien John Dean « Jeff » Cooper a transposé les niveaux d’alerte militaire des forces armées des États-Unis à la vie civile. La classification DEFCON créée dans les années 1960 (contraction de Defense Condition) est ainsi détournée pour théoriser ce concept en une échelle de 5 niveaux :
La condition blanche désigne l’état d’inattention le plus élevé. Une personne en condition blanche dort, est absorbée par une lecture, une rêverie ou un jeu vidéo et est totalement déconnectée de ce qui survient dans son environnement. La condition blanche est l’état de vulnérabilité par excellence et si elle est normale lorsque vous êtes en sécurité dans votre domicile, il ne faut jamais y tomber en dehors.
Illustration : vous êtes attablé(e) à la terrasse d’un café parisien et jouez sur votre smartphone sans jamais lever la tête. Déconnecté(e) du monde extérieur, vous faites une proie facile : c’est la condition d’attention blanche.
La condition jaune est l’état dans lequel vous êtes le plus souvent : relaxé mais conscient de votre environnement et en capacité de détecter les dangers éventuels. C’est votre niveau d’attention lorsque vous quittez votre domicile pour vous aventurer dans la rue.
Illustration : vous buvez toujours votre café en terrasse et regardez passer les piétons, vous êtes en condition jaune. Vous êtes immobile mais votre radar est activé ; si une personne vous approche votre cerveau va automatiquement focaliser sur elle, analyser sa silhouette, sa démarche, sa tenue vestimentaire, son expression faciale et présumer de ses intentions. Des scénarios sont aussitôt établis en conséquence : c’est la bascule vers la condition d’attention orange qui s’effectue alors.
La condition orange est un état d’attention élevé, avec focalisation sur une situation ou un danger supposé ou identifié. Alerte, vous établissez des scénarios pour vous sortir de la situation si elle dégénère.
Illustration : la personne qui s’est approchée de vous réclame sèchement que vous lui donniez de l’argent. Le danger est sous vos yeux et la situation peut s’envenimer d’un instant à l’autre, vous êtes prêt(e) à basculer en condition rouge.
En condition rouge vous êtes préparé mentalement à appliquer les scénarios établis en condition orange. L’adrénaline afflue dans votre système nerveux et vous êtes prêt à réagir si la situation l’exige, que ce soit par la confrontation verbale, le combat ou la fuite.
Illustration : devant votre refus de lui donner ce qu’elle demande, cette personne s’énerve et vous insulte. Vous vous levez pour ne pas rester en position de faiblesse et glissez la main dans votre poche pour saisir votre bombe au poivre : vous êtes prêt(e) à neutraliser cette personne si elle s’attaque à vous au lieu de continuer son chemin : vous êtes en condition rouge.
La condition noire est le stade le plus élevé d’attention et correspond à un niveau de danger identifié comme important (risque de blessures) ou mortel (assaillant armé, tentative de viol, explosion, etc.). Lorsque vous l’atteignez, c’est votre instinct de survie qui prend le contrôle, vous n’êtes plus qu’adrénaline et réflexes. A ce stade, les 2 uniques options disponibles sont le combat ou la fuite et c’est votre instinct qui fera le choix pour vous.
Illustration : l’agresseur sort un couteau de sa poche. Dans un réflexe, vous lui videz votre bombe au poivre au visage avant de prendre la fuite en courant. Vous êtes en condition noire.
01.2 Mental, attitude, matériel : une protection à 360°
L’état d’esprit est primordial : sans la bonne configuration mentale, la préparation survivaliste et tout le matériel du monde sont inutiles. Acheter un violon ne fera pas de vous l’égal de Vivaldi, tout comme pratiquer un sport de combat et transporter 5 kilos de matériel de survie ne vous sauveront pas si vous traversez la rue sans prêter attention aux voitures. Le danger, quelle que soit sa manifestation, se frayera tôt ou tard un chemin jusqu’à vous. Nombreux sont ceux qui trouvent du réconfort dans la croyance que la violence ou le danger ne peuvent pas les atteindre et sont pétrifiés de stupéfaction ou de peur lorsqu’ils atteignent des situations de niveau rouge. Ils deviennent alors les victimes impuissantes de leur état d’esprit et de la situation, spectatrices de l’événement qu’elles subissent. « Je n’arrive pas à croire que cela m’arrive ». Le survivaliste, lui, se dira « je me suis préparé pour le jour où ça devait arriver« .
02. L’ égo, ennemi du survivaliste
02.1 Au royaume des aveugles…
Refuser de voir le danger ne le dissipe pas pour autant. Travailler sur soi pour se préparer à faire face à l’imprévu vise à casser ces croyances (« ça ne peut pas arriver », « c’est impossible », « la police va intervenir », etc.) et à développer l’ignition instantanée des réflexes de préservation lorsque la situation l’impose. Qu’il s’agisse de prendre la fuite pour éviter une agression, de déployer ses systèmes d’autosuffisance énergétique après une panne de réseau ou de se jeter à terre en cas de fusillade, la réponse apportée par votre cerveau doit être adaptée, organisée et efficace. On parle bien ici de se préserver et non d’aller au combat ; il est question de faire appel à la logique et au bon sens et non à l’ égo.
02.2 Le plus intelligent sera toujours le plus fort
L ’égo est un bouclier psychologique que chacun construit au cours des années. Cet agrégat de souvenirs, de projections et d’expériences qui est présent à chaque instant dans nos actions et interactions sociales constitue une personnalité-écran derrière laquelle nous nous réfugions lorsque nous sommes attaqués. L’ égo est donc ce que nous fantasmons d’être, pas ce que nous sommes. Lorsque nous sommes –ou nous sentons- attaqués, c’est l’image que nous nous faisons de nous-même qui s’interpose entre nous et la menace. Le problème réside dans le fait que ce super-Moi qui se manifeste dans les situations de danger se surestime très souvent. Si la fonction première de l’ égo est de nous protéger, il arrive malheureusement qu’il nous emmène sur des terrains glissants car il privilégie la défense de l’estime de soi plutôt que la préservation de l’intégrité physique.
Un bon exemple de cela est le cas du mari qui monte au créneau pour défendre l’honneur de sa femme, insultée par des racailles dans la rue. L’égo lui fait ressentir que plus que l’honneur de sa femme, c’est en réalité le sien qui est en jeu : ne rien faire serait un aveu de faiblesse et donc une humiliation aux yeux de sa belle, le privant de son statut de mâle dominant. Ce cas de figure banal finit souvent mal pour le mari : de l’humiliation verbale aux coups de couteau(x) en passant par un sévère passage à tabac, l’addition peut être très amère. L’ égo est le pire des conseillers et dès qu’il s’agit de se préserver et de préserver les siens, mieux vaut s’en remettre à son instinct de conservation. Ne confondez pas intelligence et lâcheté.
02.3 Rien à gagner, tout à perdre
Même s’il existe des exceptions, lorsqu’une personne cherche à provoquer une confrontation physique avec une autre c’est qu’elle sait qu’elle aura l’avantage sur sa cible, que ce soit par la force brute, la force du nombre ou l’utilisation d’une arme. L’évitement et la fuite sont dans la plupart des cas les meilleures réponses à apporter à ces comportements : même si vous en sortez vainqueur, vous n’aurez jamais rien à y gagner.
Afin de réagir avec pertinence et efficacité, cadenassez votre égo, apprenez à l’ignorer et acceptez vos limites.
03. Humilité, ouverture d’esprit et apprentissage : tu seras un survivaliste, mon fils
03.1 Le contrôle de son environnement
Votre capacité de contrôle sur le monde peut être schématisée sous la forme de 2 cercles : 1 cercle d’influence et 1 cercle d’impuissance. Sachez rester dans la limite de votre cercle d’influence, outrepasser cette frontière est stérile et ne vous apportera rien sauf éventuellement des problèmes.
Chaque individu n’est qu’un petit rouage insignifiant d’une grande machine. Il est plus important et productif de se concentrer sur ce qui est en notre pouvoir (stocker du matériel, acquérir des connaissances, prendre soin des siens, etc.) que de perdre son temps et son énergie à vouloir influer sur des choses qui nous dépassent, ne nous regardent pas ou devant lesquelles nous sommes impuissants. Notre capacité de contrôle est limitée, plus vite on le comprend et mieux on se porte.
03.2 Additionner les forces et reconnaître les faiblesses
Il est fortement conseillé voire nécessaire de ne pas rester seul dans sa logique de préparation. Personne ne peut tenir bien longtemps seul contre les éléments ou seul contre tous. Inclure au minimum sa famille et quelques amis proches aux préoccupations similaires est important pour partager les savoirs, créer des réflexions productives, des redondances, des appuis et des options opérationnelles. Additionner les forces de chacun permet au groupe de développer sa capacité de contrôle. L’union fait la force, ce n’est pas qu’un adage.
Il n’existe pas d’être exempt de faiblesses et de défauts. L’ adaptabilité se gagne par la connaissance des points faibles chez soi et chez les autres. On peut ainsi travailler pour accepter ces faiblesses, trouver des solutions pour les compenser et attribuer à chacun un rôle qui correspond à ses capacités et compétences, ce qui bénéficie à l’épanouissement de la personne comme au reste du groupe.
Par exemple, cantonner une femme sportive et aguerrie dotée d’un esprit stratège à la gestion des enfants parce qu’elle est une femme est une erreur basée sur des idées préconçues. Confier un rôle de guerrier à un homme à la constitution fragile mais qui se démarque par de grandes qualités d’organisation est un gâchis de compétences qui relève de la même étroitesse de raisonnement : donner à cette personne des responsabilités d’ordre logistique est plus adapté et judicieux. Une personne ou un groupe adaptable sait tirer parti de ses forces et faiblesses ; il faut sortir des schémas préconçus et s’organiser avec pragmatisme.
Il est important de sensibiliser également les enfants aux risques qui les concernent, qu’il s’agisse du chauffard qui pourrait les renverser au passage piéton ou d’un prédateur qui chercherait à les enlever.
03.3 Rien ne se déroule jamais comme prévu
Si votre plan A échoue ou ne peut être mis en œuvre, vous devez être capable de basculer sur un plan B et ainsi de suite. C’est à cette capacité que se mesure votre niveau d’ adaptabilité. Vous devez donc accepter que des changements brutaux puissent survenir et rester ouvert à l’information en permanence pour être capable d’intégrer des points de vue divergents et des données nouvelles à vos plans d’actions. Si votre plan était prévu pour une solution X et que vous faites face à une solution Y, votre plan ne tient plus et vous acharner à vouloir l’appliquer quand même n’y changera rien.
On ne peut jamais tout savoir ni tout anticiper, il est donc important d’inscrire sa préparation dans une démarche constante de remise en question, d’écoute, de recherche d’informations et d’acquisition de connaissances diverses. Poser des questions et chercher des réponses est la clef de l’ adaptabilité : une personne qui ne le fait pas ou plus met en doute sa capacité à se remettre en question et se prive de savoirs qui pourraient lui permettre de créer ou d’identifier des solutions face à une situation donnée, ce qui limite fortement sa résilience.
03.4 On ne cesse jamais d’apprendre (y compris de ses erreurs)
Pour le survivaliste, ne pas (se) poser de questions ou chercher de réponses par fierté est une erreur grave et puérile qui compromet toute sa préparation. Attendre d’être au pied du mur pour chercher la solution à un problème quand on aurait pu le résoudre dans les meilleures conditions est absurde, en particulier lorsqu’il s’agit de situations où le temps d’action est compté et la marge d’erreur limitée ou inexistante.
Comme le répètent souvent les maîtres d’école, poser des questions n’est pas un aveu de faiblesse, au contraire. Quand vous posez des questions, vous cherchez à obtenir de l’information pour ajuster vos plans, compléter un savoir ou clarifier un point pour déterminer vers quelles actions ou réflexions vous devez vous orienter pour avancer dans votre démarche. Plus vous le ferez, plus vous élargirez votre cercle d’influence et plus vous aurez le contrôle de votre environnement.
Votre site est instructif et pertinent. Je vous suit depuis quelques mois de mon coin de pays au Canada. Dommage de ne pas être en Europe pour commander vos moral patchs. Je suis aussi le site Canadian Preppers qui traite des mêmes sujets. Continuez votre bon travail.
Salut à toi Légendat,
Comme tu le dis, tout se résume en un mot: Adaptabilité !
Mais cette adaptabilité n’est possible qu’en en ayant les acquis préliminaires.
Dans les sports extrèmes, il y a une pratique impérative AVANT de démarrer l’activité prévue, le » WHAT IF ? »
C’est à dire que l’on pose (ou se pose si seul) toutes les questions sur toutes les situations pouvant se produire, même (et surtout) les plus incertaines, et on exprime et valide toutes les solutions possibles pour chacunes de ces situations.
Et seulement APRES on démarre l’activité !
Cela ne peut être valablement (et sécuritairement) effectué que si l’on a posé antérieurement de nombreuses questions sur le domaine et autours de ce domaine, afin de pouvoir, le moment venu, appliquer la réaction la plus adéquate.
Dans la vie de « chien de berger », cette pratique du WHAT IF ? est constante, où que nous soyons, et dans quelques circonstances que ce soit. Celà deviens vite « une seconde nature » … …
Bonne continuation, et merci à toi de tout ton travail d’information / enseignement.