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Anticiper une crise grave lorsqu’on porte des lunettes est un sujet qui me tient à cœur car je suis atteint d’une myopie relativement sévère. La vue est probablement le sens le plus important pour assurer sa survie puisqu’elle permet entre autres la détection du danger. Situation de survie ou pas la vue est la vue… les visages de nos proches, les paysages, le jour qui se lève et la nuit qui tombe. Tellement précieuse.
Conduire, s’orienter, apercevoir un danger au loin, identifier ses proches, tirer avec précision et en étant sûr de sa cible, tout cela est impossible lorsqu’on est atteint d’une déficience visuelle qu’on ne peut pas ou plus corriger. Si être privé de ses lunettes ou lentilles de contact quelques heures est désagréable, cela peut représenter une condamnation à mort dans des situations où la normalité laisse place à une coulée de boue, à un panache de fumée toxique ou dans toute autre situation où une réaction rapide et avisée est nécessaire pour survivre.
Je vous livre ici ma réflexion sur le sujet au travers de mon expérience personnelle.
Les lentilles de contact : une vue parfaite, des conséquences potentiellement désastreuses à long terme
J’ai commencé à porter des lentilles à l’adolescence. La fin des lunettes a sonné pour moi comme une révolution en termes de confort et une nouvelle ère de liberté : fini la gêne et l’encombrement des lunettes, plus d’angles morts, plus de problèmes pour enfiler un casque ou un masque, plus besoin de trimbaler une paire de solaires adaptée à ma vue en été, bref le pied…
J’ai porté des lentilles journalières pendant 15 ans sans rencontrer le moindre problème en dehors d’avoir les yeux rouges le soir.
![survivre quand on porte des lentilles de contact](https://www.resilience-urbaine.com/wp-content/uploads/2019/10/yeux-rouges-lentilles-de-contact.jpg)
Les lentilles assèchent les yeux et provoquent l’éclatement des vaisseaux sanguins.
Il y a 4 ans, je me suis réveillé avec une forte douleur à l’œil droit. Les urgences du CHNO des 15/20 m’ont appris que je faisais un abcès de cornée lié à l’utilisation de mes lentilles de contact. L’action mécanique de les mettre/enlever chaque jour pendant 15 ans avait fini par creuser une minuscule cavité dans laquelle une bactérie s’est logée. Tout cela en dépit du soin avec lequel j’ai toujours manipulé mes lentilles. Situé 1 millimètre plus haut, l’abcès m’aurait rendu aveugle. En bref, j’ai failli perdre la vue sur l’œil droit, mon œil directeur, et j’ai passé 2 semaines dans le noir total avant de constater une amélioration.
Fini les lentilles, interdiction à vie. Retour aux lunettes.
L’intervention de chirurgie réfractive au laser LASIK, PKR, SMILE… vous reprendrez bien un peu de risque ?
C’est à ce moment que j’ai été pris en charge et suivi par le professeur L., chef du service du centre de la cornée aux 15/20, qui a donc guéri mon œil au bout de 8 mois de traitement à raison de 3 gouttes 6 fois par jour, un calvaire quotidien. Ce cher professeur (au sens propre) m’a alors informé que je serais plus tranquille si je me débarrassais de ma myopie grâce à une intervention chirurgicale au laser. On s’est donné rendez-vous un an plus tard pour laisser le temps à mon œil de se remettre complètement. Ou presque, car depuis l’abcès mes yeux sont restés un peu rouges, irrités.
Le moment venu, le professeur L. m’examine et me dit que mes problèmes sont réglés, que je suis le candidat idéal pour le laser, me vante en long en large et en travers les vertus du Lasik et sort son agenda avec un air autoritaire pour fixer la date de l’opération au mois prochain. Sans me parler des risques éventuels liés à l’opération. Sans me laisser le temps de dire quoi que ce soit. Sans me laisser poser de questions. Je ne lui en ai posé qu’une seule :
– Pourquoi portez-vous des lunettes, si l’opération est si bénigne et efficace que vous le dites ?
– Je préfère porter des lunettes.
Fais ce que je dis et pas ce que fais. J’ai eu un mauvais pressentiment, je lui ai demandé de la documentation et je suis parti en me délestant d’un chèque à trois chiffres.
![](https://www.resilience-urbaine.com/wp-content/uploads/2019/10/chirurgie-lasik-capot-cornéen.jpg)
Quand je vois ça, je préfère moi aussi porter des lunettes.
Deux jours plus tard, je me réveille, j’ai mal à l’œil droit (heureux hasard) et mon œil gauche est irrité aussi. Je fonce aux urgences des 15/20 et l’urgentiste qui m’avait déjà pris en charge la fois précédente me dit que j’ai une conjonctivite allergique aiguë.
Je lui explique que j’ai vu le professeur L. deux jours plus tôt (j’avais déjà les yeux rouges rappelez-vous), qu’il veut m’opérer au laser dans 1 mois et je vois à l’expression sur son visage que quelque chose cloche. Il m’a expliqué que mes yeux étaient irrités en permanence pour diverses raisons (pollution, tabac, allergie bénigne à quelque chose dans mon environnement, etc.) et que cela allait inévitablement provoquer de gros problèmes post-opératoires si je passais au laser, quelle que soit la technique utilisée (Lasik, PKR ou Smile). Il s’est étonné que le professeur L. n’aie pas détecté cela (façon détournée de me dire qu’il l’a forcément vu mais ne m’a rien dit), m’a prescrit de quoi soigner mes yeux et je suis parti.
J’ai pris contact avec un groupe de victimes de la chirurgie au laser (Affectés Lasik sur Facebook et je vous invite également à consulter la page http://lesdangersdulasik.com/) pour me renseigner sur les séquelles possibles suite à une chirurgie de ce type. J’ai pu discuter avec des personnes qui avaient perdu la vue sur un œil, les deux, ou qui souffrent de distorsions visuelles sévères qui les handicapent lourdement au quotidien. Certaines d’entre elles se sont suicidées, ne supportant plus les douleurs incsoutenables qu’elles subissaient sans que la médecine ne leur apporte de solution ni de reconnaissance pathologique. Certaines avaient été opérées par le professeur L.
Médecin, boucher à ses heures comme tant d’autres sur ce segment.
![](https://www.resilience-urbaine.com/wp-content/uploads/2019/10/docteur-fou.jpg)
« Ne vous inquiétez pas, j’en ai soigné d’autres ! »
J’ai fait le choix de porter des lunettes. Une contrainte vaut mieux qu’une complainte.
Je sais qu’il y a des dizaines d’exemples de chirurgies laser réussies autour de vous, c’est le cas aussi autour de moi. Le problème, c’est que cette chirurgie est destructive et ne peut pas convenir à tout le monde. Les séquelles post-opératoires peuvent se déclarer plusieurs dizaines d’années après l’opération. Cela peut être un franc succès pour certains et tant mieux.
Mais avez-vous envie de prendre le risque de perdre la vue ou de souffrir de douleurs et d’aberrations visuelles handicapantes juste pour vous débarrasser de vos lunettes ou de vos lentilles ?
![troubles de la vision après lasik](https://www.resilience-urbaine.com/wp-content/uploads/2019/10/problèmes-de-vision-lasik.jpg)
Difficile de conduire et de vivre au quotidien avec ce genre d’aberrations visuelles liées au LASIK, PKR ou SMILE.
Nous sommes dans une logique de survie. Cela implique de ne pas prendre le risque de transformer une situation supportable en un calvaire pour une question de confort.
Les lunettes de vue : une fiabilité nécessaire pour tout survivaliste
Le port de lunettes est contraignant à bien des égards : elles sont fragiles, encombrantes pour qui doit porter un casque ou un masque respiratoire, il faut une paire de solaires à sa vue pour les jours ensoleillés… mais en dehors de cela, elles représentent le moyen de correction visuel le plus neutre pour votre santé.
Dans des conditions impliquant une hygiène dégradée ou des facteurs irritants (fumées, gaz, etc.) le port des lentilles de contact devient dangereux ou impossible. En cas de rupture de la normalité, la dernière chose dont vous aurez besoin est d’espérer trouver une boite de lentilles à votre correction ou d’aller pointer aux urgences ophtalmiques (si elles fonctionnent) car vos yeux sont irrités ou car vos lentilles sont collées à vos cornées.
Depuis que j’ai pris la décision de m’en tenir aux lunettes, j’ai rassemblé toutes les paires que j’avais conservé afin d’avoir du rechange en cas de besoin. Je dispose d’une petite dizaine de montures aux corrections plus ou moins fortes qui pourraient me rendre service si je ne pouvais plus me rendre chez l’opticien. Tout cela en plus de la traditionnelle seconde paire gratuite à ma vue actuelle. Je me suis équipé d’un petit set de réparation contenant vis et plaquettes de nez en tous genres en cas de besoin.
Pour ceux qui veulent anticiper une situation dégradée au point où il n’y aurait plus ni ophtalmos ni opticiens, ou tout simplement une situation où ils n’auraient pas la capacité de s’y rendre, conserver les vieilles paires de lunettes est une bonne solution. Il est également possible d’anticiper des futurs troubles visuels mineurs en s’équipant d’avance de lunettes basiques à correction fixe ou de lunettes de lectures pour la presbytie.
Légendat
Merde, je viens enfin d’avoir le budget, j’etais en train de comparer les devis quand je tombe sur ton article.
Tu viens de me dégoûter et peut etre sauver la vie ><
Je voulais faire comme Steve Huffman, tu m'as complétement dégouté, merci 🙂
Bonjour la Légende,
Tu prends ton cas personnel puis tu généralises.
Tu oublies le paramètre essentiel : tes prédispositions étaient très défavorables à cette opération. Donc dans ton cas, oui le résultat aurait été une boucherie.
Mais dans l’absolu, le Lasik est très sécurisé sur les candidats qui remplissent pleinement les conditions de l’opération.
En outre, tu induis en erreur tes lecteurs avec ta photo d’illustration d’une cornée découpée.
La technologie Lasik évite justement cette manipulation à risque.
Cela fait maintenant 15 ans que j’ai subi cette opération et je bénis l’inventeur de cette technologie. Cela a été ma meilleure décision. Malgré des réticences et des questions évidentes sur les risques, comme tout le monde.
Tu gommes le second paramètre essentiel : la qualité du praticien. Tu indiques toi-même qu’il est incompétent puisqu’il a affirmé que tu étais le candidat idéal – à tort – et qu’il a déjà détruit la vie de plusieurs patients.
Pour ma part, j’ai été opéré par le chirurgien qui s’est occupé de Belmondo, Johnny Hallyday, Polnareff,… etc. Toute son équipe et lui-même ont été exemplaires.
Et j’ai bien suivi ses recommandations, effectué les soins post opératoires et les suivis annuels chez l’ophtalmologue.
Fait amusant : c’est le chirurgien le moins cher et il offre en sus les examens pré opératoires…
Bonjour Stéphane,
Hum, si, si le volet cornéen est bien découpé en chirurgie Lasik… et hélas, il ne cicatrise jamais vraiment… Je vous invite à jeter votre œil sain de toute chirurgie et donc tout à fait opérationnel, sur la page fb affectés Lasik. Nous sommes à peu près 12 000 personnes de tous pays à militer et laisser des témoignages de complications invalidantes sur divers médias.
Ensuite malheureusement, s’il s’agissait juste de choisir le bon praticien pour une bonne pratique ce serait idéale. Dans le cas Lasik c’est bien la technique en elle-même qui est en cause. C’est une loterie, certains ont des vrais effets peut-être bénéfiques mais jusqu’à quand car les études ne font pas faites à long terme. Certaines personnes développent des ectasies jusqu’à 15 ans après chirurgie, d’autres des cataractes précoces de 15 ans avant l’âge moyen général. Bref, pour moi ce fut un échec malgré, une intervention faite par un ponte, dans un CHNO de renom. et pour moi ce serait un peu comme si aujourd’hui on se posait la question d’avoir recours à une bonne vieille lobotomie et la question de ses bienfaits.
Bonjour,
La question de la vue a été le point de départ – et la première action concrète – de ma préparation, commencée il y a environ 4 ans. Souffrant d’une myopie moyenne (-3.00), j’ai comme toi porté des lentilles, à partir de mon adolescence, pendant une bonne quinzaine d’années.
J’ai choisi de me faire opérer. Conscient des risques, je me suis tourné vers une clinique sépcialisée à Paris, qui ne fait que ça. Elle m’avait également été recommandée par une amie qui s’y était faite opérée l’année précédente.
Dans mon cas, c’est une réussite. Le seul effet secondaire est un (très léger) halo la nuit, autour de certaines lumières type réverbère. Ce n’est un gène en rien tant c’est insignifiant.
Je ne sais pas si j’aurai des séquelles dans quelques années ou dizaines d’années. Aujourd’hui, 4 ans après l’opération, je me félicite de l’avoir fait et je le referai sans aucune hésitation, tant les bénéfices sont immenses. Les lentilles m’avaient apporté beaucoup à l’époque ; l’opération a changé ma vie quotidienne.
Mais ceci dit, il faudra bien revenir partiellement aux lunettes dans quelques années, quand la presbytie pointera le bout de son nez !
Pour ceux qui préfèrent garder des lunettes, il existent des lunettes correctrices de sport quasi incassables (polycarbonate), genre lunettes de pelote basque, squash…
C’est pris en charge par la secu et les mutuelles et cela peut être une excellente seconde paire en cas de problème !
Sujet hyper intéressant traité nul part ailleurs. Merci pour les infos !
Depuis toute petite, j’ai conscience de ma dépendance aux lunettes (myopie avec astigmacie, et une déformation sur la cornée d’un œil)… À l’adolescence, j’ai voulue poser mes lunettes… Lentilles impossible et opération 1chance sur 10 d’être définitivement aveugle !
J’ai 35 ans et je porte des lunettes depuis mes 3 ans.
Régulièrement, je les enlève et essaie de vivre sans… Mon ouïe et mon adorat se sont développés à force de « jouer » à l’aveugle (petite, et je continue à m’entraîner).
À 15 ans, je savais que entre 40 et 60 (suivant le métier que je ferai plus tard) ans, je serais totalement aveugle… c’est pour ça que jai commencé à m’entraîner, à mémoriser le nombre de pas d’un point à l’autre (chez moi et ailleurs), à « photographier » dans ma mémoire ce que je vois(pour toujours me souvenir de la beauté des paysages, à toutes heures du jour et de la nuit.
Cela fait une dizaine d’années, que sans lunettes je ne distingue plus les étoiles la nuit, ne lis pas une plaque de voiture à 5m, je vois ma vue baisser; mais je me prépare à ça depuis 20 ans !!