Je reçois de plus en plus de sollicitations de journalistes pour des interviews auxquelles je ne donne pas suite en raison du manque d’intérêt des questions posées. En voici un petit florilège.

Bonne lecture !

Qui êtes-vous ?

Je suis Légendat. Le reste n’a aucune importance.

Pourquoi ne montrez-vous pas entièrement votre visage dans vos vidéos ?

Je ne recherche pas la notoriété. Mon but est de donner de l’information utile, pas de me mettre en avant. C’est tout.

Qu’est-ce-que le survivalisme pour vous ?

Le survivalisme tel que je le conçois est une hygiène de vie. Un être humain peut tenir 3 minutes sans air. 3 heures sans abri. 3 jours sans eau. 3 semaines sans manger. Et cela s’il est en bonne condition physique. La plus grande part de la population a oublié cette vérité et le survivalisme n’est rien de plus que ce que faisaient nos ancêtres : prévenir les situations de crise et de pénurie par l’autosuffisance.

Le monde moderne est un monstre de société qui veut que nous fassions confiance au système bancaire véreux pour conserver nos économies de toute une vie. A l’économie mondialisée impitoyable pour nous fournir du travail. A l’industrie vacillante pour éclairer et chauffer nos foyers. Aux opérateurs privés voleurs pour relayer nos communications. Aux géants de l’agro-alimentaire toxique pour préparer nos repas. A l’Etat défaillant pour nous soigner et nous défendre, pour éduquer nos enfants et s’occuper de nos aînés, faire couler la miraculeuse eau du robinet et la providentielle chasse d’eau. Nous faisons confiance à des inconnus pour nous procurer et entretenir tout ce dont nous avons besoin.

Je ne dis pas que tout est à jeter. Mais la population est devenue dépendante et soumise aux industriels et aux politiques dans une mesure inédite dans l’histoire de l’humanité.

Nous avons abandonné tout ce qui faisait de nous des êtres humains forts et indépendants pour une idée faussée du confort. Nous achetons de stupides vêtements et de la technologie inutile qui valent des mois de salaire, qui valent des mois de choses vitales comme l’eau, la nourriture, les médicaments et autres produits de première nécessité.

Les chaines d’approvisionnement des supermarchés et l’eau courante sont devenues nos fragiles lignes de vie. Nous sommes à mon sens le plus faible niveau d’humanité que cette terre aie jamais connu.

Je vous invite à lire mon manifeste et mon analyse sur l’émergence du survivalisme en France, car développer un sujet aussi vaste en quelques lignes m’est impossible.

Pourquoi et comment êtes-vous devenu survivaliste ?

J’ai commencé à développer mon autonomie au quotidien, par nécessité. Je ne me suis pas envisagé comme survivaliste dans les premiers temps, je ne faisais que trouver des moyens pour répondre à mes besoins et aux risques auxquels je faisais face. L’être humain a besoin de coller des étiquettes pour comprendre le monde qui l’entoure et mon mode de vie et de pensée entre dans la case « survivaliste ».

Voilà, c’est banal et c’est comme ça que ça s’est passé. Et c’est comme ça que ça se passe pour 99,9% de la population concernée.

Comment considérez-vous l’image du mouvement survivaliste français ?

Le survivalisme est une lame de fond autonomiste très peu connue du grand public et pour être franc je me fiche de l’image que les gens en ont. Si s’assurer que ses proches aient de quoi survivre en cas de problème est aujourd’hui considéré comme une maladie mentale, c’est que la société est arrivée au stade terminal du cancer qui la ronge.

Pensez-vous qu’il faille dédiaboliser le survivalisme ?

Je ne savais pas que le survivalisme était considéré comme diabolique. Donc non. Si vous posez cette question, c’est parce que vous avez en tête les clichés du survivalisme extrémiste américain, les milices paramilitaires et ce genre de choses. C’est un peu comme si je vous demandais ce que vous pensez de votre métier en me basant sur ce que je sais du journalisme en Corée du Nord.

Loin de moi l’idée puérile de vous renvoyer la balle, mais je pense que vous devriez faire des efforts pour « dédiaboliser » le journalisme tel qu’il a été pratiqué ces 30 dernières années et vous avez un grand chantier devant vous. Cette question en est la preuve.

Si vous aviez pris la peine de consulter les sites gouvernementaux du monde entier (ou juste celui de notre propre gouvernement), vous auriez pu voir qu’ils recommandent à leurs citoyens de se prémunir contre les risque majeurs. Pensez-vous qu’il faille dédiaboliser le gouvernement ?

Pensez-vous que le survivalisme soit une réponse aux attentats terroristes commis en France ?

Il me parait évident que les tueries perpétrées ces dernières années par les islamistes contribuent à une certaine prise de conscience. Entre la désorganisation de la réponse aux attaques du 13 novembre 2015, le cafouillage magistral ayant permis l’attentat du 14 juillet 2016 et l’inaction de l’Etat à l’encontre des fichés S, il me semble que les citoyens Français ont de quoi nourrir leur réflexion sur les moyens qui s’offrent à eux pour se protéger.

Cela dit, la montée du survivalisme en France est nourrie par un large faisceau de facteurs et l’insécurité croissante n’est pas plus déterminante que les risques climatiques, la perte des valeurs ou l’instabilité économique.

Pourquoi les survivalistes sont-ils aussi proches des armes ? Ne pensez-vous pas qu’il est dangereux qu’une part de la population aie des armes à feu ?

Les Français ont toujours eu des armes, que ce soit pour chasser, pour pratiquer le tir sportif ou pour se défendre car on a rien inventé de plus efficace jusqu’à preuve du contraire. Les citoyens Français qui possèdent des armes à feu sont des chasseurs et/ou des tireurs sportifs. Cela signifie que ces personnes détiennent ces armes légalement et qu’ils sont titulaires d’une licence fédérale de chasse ou de tir sportif. On ne parle pas de dangereux criminels qui amassent des mitrailleuses lourdes ou des lance-roquettes dans leurs caves et il serait temps que vous cessiez de faire l’amalgame. Mais là encore, cela demande un tant soit peu de sens critique.

Je pense qu’il est dangereux qu’une partie de la population aie des armes mais pas celle dont nous parlons ici. La population à laquelle je pense se procure des armes de guerre et des explosifs par des canaux illégaux et massacre vos concitoyens. Peut-être qu’un jour vous serez heureux(se) que des gens d’armes, de métier ou pas, soient capables de vous défendre si la situation l’exige.

Que pensez-vous des figures de proue du survivalisme français ? Vol West et Piero San Giorgio entre autres…

J’ai beaucoup de respect pour le travail de pédagogie et de démocratisation accompli par Vol West. Je regrette en revanche qu’il soit devenu pour beaucoup de ceux qui le suivent une sorte de projection fantasmée. Il vit au Montana dans des conditions qui lui donnent une liberté que les Français qui le suivent n’ont pas, on ne partage pas vraiment les mêmes contraintes quotidiennes.

Concernant San Giorgio, j’ai apprécié son livre Survivre à l’effondrement économique. Sorti de cette dimension littéraire et de certaines de ses analyses qui sont très fines, j’ai un vrai blocage avec son approche ultra mercantile du survivalisme et avec l’image caricaturale qu’il peut projeter. Là encore, on est face à une personne qui ne vit pas en France (Suisse) et qui a des moyens que le citoyen lambda n’a pas. Partant de là, c’est assez facile de dire aux gens ce qu’ils doivent faire. La batterie d’armes, le chalet autonome dans les montagnes, les stocks de survie pour 10 ans… ceux qui ont les moyens et l’envie pour ça sont une minorité.

Je suis plutôt dans l’optique de montrer à ceux qui me lisent ou regardent mes vidéos ce qu’ils peuvent faire avec leurs moyens et la situation qui est la leur. Inciter tout le monde à quitter les grandes villes, pourquoi pas. J’aimerais qu’on essaie plutôt de responsabiliser les citadins aux risques auxquels ils font face pour former des populations résilientes dans nos grands centres urbains. Par le peuple pour le peuple. L’Etat, c’est nous. Il ne faut pas l’oublier. Si le réflexe de nos ancêtres avait été de se barrer en courant à chaque grande crise on ne serait pas là aujourd’hui, ou pas sous le même drapeau.

Pour conclure, ma pensée est « Tu n’auras point d’idoles ». Le survivalisme est une quête d’indépendance matérielle mais aussi spirituelle. Je ne cherche pas de maître à penser et je ne cherche pas non plus à m’imposer comme tel.

Un message à passer à nos lecteurs ?

Si quand vous rentrez chez vous votre réfrigérateur est vide, si tout ce que vous avez à boire est du soda et de l’eau du robinet, si vous ne savez rien faire de vos dix doigts alors vendez votre foutue télé et votre lecteur DVD, balancez votre putain de smartphone, fermez vos comptes Twitter et Instagram et trouvez un chemin vers votre humanité. Conquérez-la. Cessez d’être inutile pour vous-même.

Vous n’êtes pas votre compte en banque. Vous n’êtes pas la technologie que vous achetez. Vous n’êtes pas votre physique et surtout pas ce que les gens pensent. Vous n’êtes pas aussi intelligent, pas aussi gentil ni aussi fort que vous le pensez. Vous êtes entièrement nu et vous devrez affronter cette vérité un jour.

Préparez-vous.

Légendat