Modifier le poids de départ de la queue de détente des armes à feu est devenu monnaie courante. Plus belles, plus agréables, plus légères, les détentes modifiées ont tout pour plaire… en apparence.

Je vais vous expliquer pourquoi modifier le poids de départ de votre queue de détente est une mauvaise idée, et si vous le faites quand même vous saurez au moins à quoi vous en tenir.

Rappel : les armes de catégorie B et C sont délivrées dans le cadre du tir sportif et/ou de la chasse uniquement. Le port d’arme ouvert ou dissimulé est strictement interdit aux civils, même détenteurs d’une autorisation de détention. Les situations de légitime défense évoquées ici sont purement spéculatives et à portée pédagogique.

Ne modifiez pas la queue de détente de votre arme si vous ne maitrisez pas les bases du tir

Dans une société ou tout le monde veut aller au plus rapide et au plus simple, on est forcément tenté de s’équiper de l’accessoire magique qui améliorera nos résultats en cible.

Clairement, les détentes préparées permettent d’obtenir de meilleurs résultats au stand. En passant de 5Kg de pression à 2,5kg, on a moins de tension dans la main au moment du lâcher ce qui permet d’éviter les fameux coups de doigt et autres désagréments.

Action plus fluide, visée facilitée, départ plus agréable, les bénéfices sont réels. Et en plus elles ont souvent de la gueule, il faut l’avouer.

comment modifier queue de detente glock

Le problème, c’est qu’une détente allégée n’améliorera pas vos réflexes ni votre capacité à prendre des décisions rationnelles dans un moment de stress.

Modifier sa queue de détente pour l’alléger parce qu’on n’arrive pas à obtenir un groupement correct avec son arme d’origine, c’est un peu comme ne savoir faire des divisions qu’avec une calculatrice.

Vous pourrez faire tous vos calculs beaucoup plus rapidement qu’en apprenant à poser une division euclidienne, mais vous serez toujours aussi mauvais en calcul. Et si on vous prive de votre calculatrice, vous serez salement dans la mouise.

L’outil peut donc in fine avoir un effet pervers : en couvrant vos faiblesses, il vous empêche de vous améliorer.

Modifier le bloc détente est dangereux quand on ne maîtrise pas son arme

En règle générale, je recommande de n’utiliser que des armes à feu d’origine -donc sans aucune modification mécanique- pour assurer sa défense, surtout à domicile.

Il y a une raison à cela. Le bloc détente d’origine d’un pistolet est conçu pour offrir des performances sûres, précises et fiables dans diverses circonstances.

Les fabricants d’armes à feu (Sig Sauer, Glock, Beretta, CZ et HK en premier lieu) tiennent compte des données de terrain, des besoins des forces de police et des soldats, de l’entraînement tactique et bien sûr des conditions de fonctionnement dans des situations réelles, dangereuses et stressantes.

poids depart queue de detente arme de service

Comme je l’explique dans mon article sur les règles de maniement des armes à feu, dans ces situations le tireur (qu’il soit aguerri ou inexpérimenté) est plus susceptible de saisir tout plus fermement… et peut-être de laisser glisser son doigt sur la queue de détente.

Une queue de détente réglée pour 4 ou 5Kg de pression est moins susceptible de permettre au tireur de faire feu par inadvertance qu’une détente modifiée à 1,6Kg.

Cela se traduit évidemment par un contrôle plus sûr de l’arme à feu (et donc par plus de sécurité pour tout le monde dans une situation ou le tireur est à cran).

À l’exception des armes exclusivement destinées à un usage sportif, je préconise de tout garder d’origine (surtout si je suis à côté de vous !).

Lorsque j’ai tiré avec un pistolet Glock pour la première fois, je n’ai pas été capable de mettre 5 cartouches dans une C50 à 25m.

Cible vierge, balles dans le mur, la honte. J’étais vexé et j’ai trouvé la détente affreusement désagréable (et elle l’est vraiment au début, soyons honnêtes, mais au bout d’environ 1500 coups la détente et le ressort de percuteur s’adoucissent et rendent le tir plus agréable).

Avec de l’entraînement et de la répétition, j’ai appris à tirer rapidement et avec précision avec n’importe quel pistolet quel que soit le poids du départ de la queue de détente.

Le fait est que si vous ne vous entraînez pas à utiliser correctement votre arme à feu telle qu’elle a été prévue pour être utilisée, il est très possible que vous vous transformiez en un véritable danger public avec une détente allégée dans une situation de stress.

Imaginez-vous réveillé par une intrusion à 4h du matin, votre arme à la main, à moitié à poil, avec le cœur qui tape jusque dans les tympans, abruti par un mélange de sommeil et d’adrénaline… mieux vaut une détente réglée sur 5kg pour éviter d’abattre un proche par erreur…

Ne modifiez pas votre queue de détente si vous n’êtes pas correctement formé

La maîtrise des armes à feu nécessite de la pratique répétée, bien sûr, mais si vous répétez les mauvais gestes, vous installez de mauvaises habitudes qui pourraient vous présenter l’addition au mauvais moment.

Les modifications apportées à votre arme à feu peuvent vous procurer une gratification instantanée lorsque vous tirez sur du papier au stand de tir, mais elles ne couvriront pas votre manque d’entraînement approprié dans d’autres circonstances.

En tant que tireur, je veux être capable de saisir n’importe quelle arme et de la faire fonctionner sans problème. Mais mon entrainement, technique comme mental, ne consiste pas qu’à maitriser ma dextérité avec les armes à feu.

Quand on envisage de devoir défendre sa vie et celle de ses proches avec une arme, il faut s’entrainer avec le matériel qu’on utilise dans les conditions les plus proches de celles qu’on envisage.

Et être prêt à faire feu pour se défendre, c’est un mélange de toute cette préparation et surtout un sang-froid à développer.

Comme je l’ai déjà mentionné, les départs allégés sont à proscrire dans un cadre défensif. Le problème numéro 1 après la méconnaissance du fonctionnement des armes à feu, c’est le stress.

Comme a priori personne ne veut faire feu accidentellement ou par négligence, les ingénieurs qui bossent pour les fabricants d’armes à feu ont inventé un truc sympa qui s’appelle la pré-course de la queue de détente.

La pré-course, c’est le mou entre la position neutre et le point de rupture du bloc détente qui vous permet de « patauger » de quelques millimètres environ avant de déclencher le tir.

Sur une arme de service comme un Sig SP2022 ou un Glock 17 d’origine, c’est après avoir parcouru cette pré-course que vous tombez sur le « mur » de 5kg à abattre pour presser complètement votre queue de détente et déclencher le tir.

Et là, il faut le vouloir pour faire feu (et c’est une bonne chose).

Les détentes allégées sont responsables d’un nombre croissant de drames accidentels, aux Etats-Unis notamment (sans surprise).

Lorsque vous lisez dans les gros titres qu’un enfant de 2 ans a abattu son père après avoir trouvé son arme à feu (laissée à sa portée, sans commentaire), vous vous doutez bien que sa petite main n’a pas glissée sur une queue de détente dotée d’un poids de départ de 5kg…

J’ai des frissons quand je vois des types glisser des armes avec des détentes allégées dans leur pantalon (port pelvien). Entre le risque qu’un vêtement entraîne la queue de détente ou de faire feu soi-même en dégainant ou en rengainant, il faut être joueur.

Si vous tenez à vos artères fémorales et à votre organe reproductif (puisqu’on parle de queue…) abstenez-vous de pratiquer ce genre de manipulations risquées.

Lorsqu’il s’agit d’appuyer sur la queue de détente, il est plus important que jamais de s’entraîner dur et de connaitre son matériel. Equipez-vous et entraînez-vous intelligemment.

Si vous voulez faire remplacer votre queue de détente par un modèle custom plus « sexy », faites-le faire sans modifier le poids de départ.

N’essayez pas de compenser un manque d’entrainement avec un outil que vous ne maitrisez pas et qui risque de vous coûter bien plus qu’un léger écart à 25m… le mieux est souvent l’ennemi du bien et n’oubliez pas que les cibles sont plus tolérantes aux trous que les bipèdes.

Légendat

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