Voici les conseils de ON3MEE, professionnel de la communication radio, pour comprendre les bandes et les différents types de radios qu’on peut trouver sur le marché.

Les autorités et les sites survivalistes vous recommandent de vous équiper d’une radio à piles pour pouvoir écouter les nouvelles en cas de catastrophe. Cependant, la plupart du temps personne ne vous indique quoi écouter, ni comment utiliser une radio correctement ! Les autres sites mettent en avant certains modèles à dynamo ou à panneaux solaires sans forcément aborder le sujet de l’écoute.

Avoir une radio c’est bien, capter quelques chose avec c’est mieux !

Une radio survivaliste, ça existe vraiment ? oui et non, nous allons voir quel matériel est intéressant et ce qu’il vaut mieux laisser de côté.

Pourquoi s’équiper d’une radio à piles

Si le réseau électrique tombe en panne, les réseaux mobiles et internet tomberont à leur tour quelques heures après. Les moyens d’information et de communication habituels seront alors inopérants. La radio FM à pile vous permet d’écouter les stations qui émettraient encore, de suivre les recommandations et d’avoir des informations sur la nature de la catastrophe. Un tremblement de terre ne demande pas les mêmes précautions qu’une inondation ou un accident nucléaire…

Que faut-il écouter ?

En cas de catastrophe, il faut privilégier les stations des radios nationales d’information comme France Info et France Inter. Dans le cas où vous douteriez des informations transmises par les radios nationales, il vaut mieux écouter les radios étrangères ou privées.

Pour obtenir la liste de toutes les stations disponibles dans votre localité, vous pouvez consulter le site annuradio qui permet une recherche par département et par ville.

Les bandes radio

Les récepteurs analogiques peuvent recevoir jusqu’à 4 bandes : FM (VHF II), MW (AM), LW et SW (OC). Nous allons voir à quoi correspondent ces bandes et ce qu’on peut y capter.

La bande FM (Frequency modulation, VHF II)

La bande FM est la bande la plus connue du grand public où on trouve les programmes régionaux et nationaux. La portée efficace d’une station FM est d’environ 100 km, ce qui est la limite de la courbure terrestre. Elle peut aller jusqu’à 200 km (au-delà de la courbure) dans les pays plats, et dans certaines conditions de propagation sporadique, des milliers de km.

La bande FM dont la fréquence se situe entre 87,5 et 108 MHz (longueur d’onde de 3m) (bande VHF II) offre une qualité audio proche de la HIFI et est peu sensibles aux parasites impulsionnels.

Dans un premier temps, vous vous brancherez sur cette bande. Tenez à jour la liste des fréquences des stations de votre localité et des localités voisines au cas où les émetteurs de votre zone seraient défaillants.

Déployez l’antenne télescopique au maximum. Placez-vous dehors en lieu dégagé pour recevoir le meilleur signal. Sinon, à l’intérieur, près d’une fenêtre et le plus en hauteur possible.

La bande MW (AM, Amplitude Modulation)

La bande MW, aussi appelée AM ou ondes moyennes, est une ancienne bande située entre 530 et 1600 kHz. La longueur d’onde de cette bande est comprise entre 100 et 1000 m. La propagation des ondes est différente de la bande FM. Celles-ci se réfléchissent sur les hautes couches de l’atmosphère et se propagent le long du sol. Grâce à ça, on peut les capter dans les fonds de vallées. La portée moyenne est de 300 à 400 km le jour, 2000 km la nuit.

On y retrouve donc les radios nationales et régionales dont la portée doit être de 300 km. Malheureusement, en Europe, les stations arrêtent progressivement leur diffusion en MW pour des soucis d’économie : ce procédé consomme énormément d’énergie et les auditeurs sont de moins en moins présents. Cette politique sera un jour très dommageable …

Pour recevoir une station en MW, il n’y a pas besoin de déployer l’antenne. L’antenne est intégrée au récepteur. Il faut donc orienter le poste de manière à recevoir le meilleur signal. Cette bande pénètre très mal dans les bâtiments, ainsi l’écoute se fait principalement dehors ou à une fenêtre. Elle est néanmoins possible en intérieur avec pas mal de parasites.

Donc si vous ne captez pas de station en FM, scannez la bande AM.

La bande LW (Long Wave)

La bande LW, aussi appelée longues ondes, est une bande située entre 150 et 300 kHz, longueur d’onde de 1 à 10 km. La propagation des ondes de cette bande est caractérisée par une onde de sol et les ondes réfléchies sur l’atmosphère. Comme la MW, on peut les capter dans les fonds de vallée très encaissées. La portée est de 2000 km de jour comme de nuit et peut être supérieure dans certaines conditions. De plus, la propagation est très stable.

On y retrouve les stations nationales et internationales. Malheureusement, comme pour la bande MW, les stations européennes quittent cette bande jugée trop coûteuse pour le peu d’auditeurs (selon les dires des stations bien entendu). Il est vrai qu’une station de diffusion consomme énormément d’énergie.

La qualité du son est la même qu’en MW. On utilise la modulation d’amplitude. Cette bande est sensible aux parasites et on écoute les stations en extérieur de préférence. L’antenne est intégrée à la radio, il faut changer sa position pour recevoir le signal.

Donc dans un troisième temps, scannez toujours cette bande si vous ne captez rien ni en FM ni en AM. Ce sera assez facile car il n’y a plus grand monde dessus.

La bande SW (Short Wave)

La SW, bande des ondes courtes ou bande HF ou encore bande internationale, est comprise entre 3 et 30 MHz. La bande est divisée en plusieurs sous bandes où se répartissent la radio broadcast, les radioamateurs, les services maritimes…  Ce qui fait l’atout de cette bande, c’est que les ondes rebondissent entre l’ionosphère et la terre plusieurs fois. Elles peuvent ainsi parcourir de très longues distances : des milliers de km ! Vous pouvez donc capter des radios arabes, américaines, russes, chinoises, … en Europe.

La nature de la couche ionosphérique change selon l’heure de la journée et les saisons. Elle est sensible aux cycles solaires. Cela veut dire qu’il faut changer de fréquence selon l’heure d’écoute. Retenez en gros que l’on écoute les fréquences en dessous de 10 MHz avant 12h et celle au-dessus de 10 MHz après 12h. Il faut donc consulter les programmes des fréquences des stations.

La qualité du son (toujours en AM) est par contre plus médiocre que la LW. La station peut s’évanouir et revenir. C’est ce qu’on appelle le fading.

Côté antenne, on utilisera de préférence une antenne long fil que vous tirerez par exemple dans votre jardin. Vous brancherez l’une des deux extrémités à l’antenne télescopique de votre poste. Certains postes sont équipés d’un connecteur d’antenne. A défaut, vous devrez déployer l’antenne télescopique au maximum. La réception se fait principalement en extérieur. Elle est possible en intérieur, mais les conditions ne seront pas top.

On y trouve les stations internationales et les pays arabes, africains et asiatiques s’y montrent très présents. Ils s’en servent même pour la propagande.

Le site suivant propose des listes de fréquences assez suivie : http://jm.aubier.pagesperso-orange.fr/

Mode SSB/BLU

Les radioamateurs, les services maritimes et les services météorologiques transmettent en mode SSB (BLU en français). C’est un procédé dérivé de la AM qui permet une occupation en fréquence moins grande et une meilleure portée. Les récepteurs SW hauts de gamme possèdent ce mode dans la bande SW. Il peut être utile de se prémunir d’un récepteur capable de recevoir la SSB car vous pourrez écouter les transmissions radioamateurs, maritime et météo.

Votre radio combinée à un ordinateur permet de décoder les FAX météo et les synoptiques. Je vous invite à lire mon article complet sur les ondes courtes pour en savoir plus : www.on3mee.be

DAB/DAB+ (ou RNT, Radio Numérique Terrestre)

Le DAB/DAB+ est le remplaçant de la bande FM. La radio ici n’est plus analogique, mais numérique. En Europe, il est judicieux de s’équiper d’au moins un récepteur DAB+. La bande est comprise entre 174 et 240 MHz en VHF III et 1452 et 1492 MHz en UHF L.

La qualité audio est équivalente à la FM. Elle a par contre le mérite d’être stable. Ne pas devoir moduler la fréquence est un vrai plus. Il n’y a plus de parasites, mais quand le signal est trop faible, ça se coupe net ! En FM, vous pouvez toujours suivre votre programme avec des parasites dans un fond de vallée. Quand un signal est faible en DAB+, il n’est pas possible de l’écouter.

D’un point de vue survivaliste, le DAB/DAB+ n’est sûrement pas un choix intelligent. Mais du point de vue capitaliste, c’est le bon choix. La réception oblige à avoir une électronique digitale et du côté des émetteurs de l’encodage numérique. Cela augmente la complexité des récepteurs et le risque de panne. J’ai déjà du jeter une radio DAB+ bas de gamme car elle plantait tout le temps. Je n’ai jamais eu ça avec aucun tuner FM.

La bande NOAA – Messages météos

Aux USA et au Canada, la NOAA diffuse des bulletins météos sur la bande VHF NOAA. Certaines radios dites « survivalistes » sont capables de les capter mais cette fonction sera inutile en Europe.

La radio survivaliste : critères de choix d’une radio de secours

Radio à piles

Les postes à piles sont les plus répandus sur le marché. La qualité du boitier varie selon le modèle mais en général, la solidité de tous les postes convient. Il faudra par contre faire attention à l’antenne qui est le point fragile.

L’utilisation des piles standard est une excellente idée car on peut se les procurer partout. Aussi, ces radios ne consomment pas beaucoup d’énergie. Vous pouvez durer des mois avec un jeu de 4 piles.

Lors de l’achat, il faut faire attentions aux critères suivants :

  • Bandes FM/MW(AM) au strict minimum, LW/SW est un plus non négligeable. Plus on capte de bandes, plus on a de chance de capter un signal en cas de besoin.
  • Piles standard AA ou AAA
  • Antenne télescopique
  • Ergonomie et solidité du boitier

Les critères en plus :

  • Prise casque et connecteur d’antenne SW
  • Bouton « Fine » pour affiner le réglage en SW
  • Tuner numérique et mémoires programmables
  • Horloge + réveil, fonction Hold
  • Affichage RDS (pas indispensable)
  • FM stéréo (pas indispensable)
  • Fonction DX/LX (commutateur pour appliquer une atténuation d’une station trop forte)
  • Compatibilité SSB

Les prix débutent autour de 20€ pour l’entrée de gamme jusqu’à 400€ et plus pour les postes les plus perfectionnés.

Voici un modèle intéressant FM/MW/LW/SW compatible SSB :

La radio XHDATA D-808 capte les bandes FM stéréo/SW/MW/LW et SSB avec la technologie RDS

 

 

 

Radio « durcie » à dynamo et capteur solaire

Les trois seuls points sur lesquels les radios à dynamos peuvent battre les radios classiques à piles, c’est sur la solidité, l’ergonomie et le fait d’avoir une dynamo et/ou un panneau solaire intégré. Ces radios conçues pour un usage plus rude sont donc censées être toujours utilisables des années après un événement cataclysmique.

Par contre, du côté de la radio en elle-même, les fonctionnalités restent très basiques. On se retrouve en général avec un simple récepteur FM/AM analogique dont la qualité n’est pas toujours au top, parfois elles ont la bande SW. Certes, cela réduit théoriquement les risques de pannes, mais en limitant votre écoute à 2 bandes.

Du côté alimentation, il existe plusieurs variantes : piles AA ou AAA, accus rechargeables, secteur. Le mieux est de toujours privilégier les piles AA ou  AAA car c’est un standard.

Il est possible de recharger votre smartphone dessus. Elles ont une lampe de poches intégrée, …certains modèles de chantier sont très robustes et avec un tuner plus sérieux.

Entre dynamo ou solaire, je foncerais personnellement directement vers le solaire. Il suffit de laisser la radio à la lumière pour qu’elle se recharge. La dynamo, ça fait sympa, mais vous pourrez tourner encore longtemps pour recharger l’accu. Elle ne sera vraiment utile que dans le cas où vous n’aurez plus du tout de piles, que l’accu sera mort et que vous serez dans la nuit. Le public visé sont les personnes qui sont très souvent dans la nature ou le camping qui désirent une radio solide et autonome.

Légendat : Mon avis diffère sur ce point suite à de nombreuses déconvenues avec du petit matériel électronique équipé d’un mini panneau solaire ou d’une dynamo. En dehors de quelques rares exceptions, ce « plus » n’est souvent qu’un argument marketing non fonctionnel, j’ai donc fait le choix d’un poste classique 4 bandes que j’alimente avec des piles rechargeables.

Du côté des performances du tuner en tant que tel, tournez-vous vers les radios classiques. Ces dernières sont plus sensibles et mieux étudiées. Vous pourrez toujours les alimenter avec une dynamo externe ou un panneau solaire ad hoc.

Poste radio classique ou solaire/dynamo ?

Cela dépendra de vos attentes et de votre usage. Un petit poste classique à pile convient déjà très bien pour l’écoute et est bien plus performant techniquement que ses homologues « tous terrains». Vous pourrez toujours alimenter la radio avec un panneaux solaire externe. Il faudra y apporter un peu plus de soin. Le poste radio solaire/dynamo est lui plus destinés aux randonneurs, campeurs, etc. et est censé être plus résistant et autonome, au mépris d’un tuner plus bancal.

Mon avis penche plus vers le poste classique que l’on sait glisser dans un sac en y apportant le soin qui convient.

Légendat : Entièrement d’accord.

Vous en savez désormais un peu plus sur les moyens de recevoir la radio en cas de catastrophe et comme nous l’avons vu, il n’existe pas de « radio survivaliste » à proprement parler. Un poste à pile FM/MW (AM)/LW/SW est le meilleur choix pour le survivaliste nomade ou sédentaire. Les bandes LW et SW sont un plus non négligeable pour pouvoir écouter les stations internationales, ce qui peut s’avérer très utile dans certaines situations.

ON3MEE pour Résilience Urbaine, over and out !

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