Sommaire de l'article
Contrairement à ce qu’on peut lire couramment dans les articles survivalistes dédiés au sujet, être un « homme gris » n’a pas grand-chose à voir avec le fait de se vêtir de gris ou de couleurs neutres (j’insiste).
La plupart des gens ont une vague idée de ce qu’est l’homme gris grâce à la démocratisation du concept par les films d’espionnage, mais la stratégie derrière cette appellation reste malgré tout peu comprise et est souvent dénaturée dans le monde du survivalisme.
01. Le concept de l’homme gris : une stratégie d’infiltration
Le concept de l’homme gris est la théorie sur laquelle s’appuient les tactiques, techniques et procédures pour opérer en terrain hostile sans se faire remarquer. Diminuer son empreinte visuelle et sonore permet d’évoluer plus librement dans un environnement hostile et donc d’arriver plus facilement à exécuter sa mission sans se faire repérer.
En d’autres termes, cela signifie agir d’une façon qui n’attirera pas l’attention des autres et/ou qui vous faire sortir du champ de recherche de l’ennemi : c’est l’art de se cacher à la vue de tous.
L’art de se cacher en plein jour n’est pas réservé aux agents des services spéciaux. Le concept de l’homme gris peut être appliqué par l’écolier qui cherche à ne pas être interrogé par son professeur, le candidat qui triche à ses examens, ou le tireur sportif qui transporte dans son sac 3 armes de poing et 500 cartouches et qui, alors qu’il traverse une zone malfamée sur le chemin de son stand de tir, ne tient pas à se faire remarquer.
Il est impossible de se rendre totalement invisible. En revanche, les expressions faciales, le comportement, la posture et les habits peuvent être utilisés comme autant d’écrans de fumée. Le cas des terroristes islamistes qui ont attaqué la France ces dernières années en est une bonne illustration : leurs profils révèlent qu’ils fréquentaient des « mécréants », qu’ils allaient en boite de nuit, consommaient sexe et alcool…
Il y a quelques années alors que je travaillais comme prestataire pour une société d’achat-revente de métaux précieux, j’avais été interpellé par la présence fréquente d’un clochard vraiment sale dans la salle d’attente de ma cliente. Lors de notre dernier rendez-vous, je lui ai demandé ce que ce monsieur faisait dans son canapé.
Elle m’a alors expliqué avoir abandonné les fourgons blindés suite à plusieurs braquages et que ce SDF était en réalité son transporteur d’or de confiance. Une fois par semaine, elle le bardait de 15 à 20 kilos d’or qu’il emmenait en rotant joyeusement dans un endroit sécurisé, tout ça en prenant le métro pour bénéficier de la vidéosurveillance de la RATP. Absolument brillant.
01.1 La stratégie de l’homme gris repose sur la psychologie de l’adversaire
La stratégie de l’homme gris n’est pas à la portée de tous. Comme beaucoup de dons, être capable de se fondre dans une assemblée tel un caméléon relève plus d’une capacité prédictive innée que de l’apprentissage. L’homme gris tire sa force de sa capacité cognitive à exploiter la demi-seconde qui précède le balancement du pendule.
Il est capable de s’adapter aux changements de contextes sociaux et sait prévoir les réflexions que ses comportements entraineront chez ceux qui l’observent. Au-delà de se fondre dans la masse par la réplication des comportements génériques, l’homme gris adopte un comportement et des stratagèmes intellectuels pour manipuler son environnement. Il est donc plus dans l’action que dans la réaction.
Et pour être fluide et efficace, cette stratégie doit découler de l’instinct naturel plus que de la volonté.
Le concept de l’homme gris ne vise donc pas à passer inaperçu, mais à organiser des contre-mesures visuelles et comportementales pour que les gens vous oublient aussi vite qu’ils vous ont remarqué.
Des étudiants ont récemment fait une expérience intéressante : équipés de gilets jaunes et de talkies-walkies, ils ont passé les sécurités du stade de France et des tunnels de la RATP en toute décontraction sans être inquiétés ni par les agents de sécurité ni par les passants. Le mécanisme intellectuel qu’ils ont exploité et démontré est simple :
Gilet jaune + talkie-walkie = personnel technique = personnel autorisé = rien d’anormal.
La stratégie de l’homme gris s’appuie donc à la fois sur les contre-mesures que vous mettez en place mais aussi et surtout sur la psychologie de l’adversaire que vous cherchez à duper.
Si nos étudiants avaient porté des sweats à capuche gris à la place des gilets jaunes, ils se seraient fait recaler vitesse grand V. Ce n’est donc pas la volonté d’éviter l’attention qui doit primer quand on veut passer inaperçu, mais l’étude de la psychologie de l’adversaire dont on cherche à éviter l’attention.
01.2 Le rôle du système réticulé activateur
Le système réticulé activateur fait partie de notre système nerveux et filtre toutes les informations sensorielles entrantes à l’exception de l’odorat. C’est ce système qui permet à votre cerveau de trier les informations et de ne pas vous surcharger d’informations simultanées.
Si vous avez de la famille ou des amis qui vivent sous un couloir aérien, vous leur avez probablement déjà demandé comment ils font pour supporter le bruit assourdissant des avions de ligne toute la journée. La réponse que vous aurez entendu est «avec l’habitude, on ne les entend plus ! ».
Leur SRA a pris le parti d’ignorer ce bruit de fond qui n’est pas une information pertinente tandis que le vôtre n’a pas encore eu le temps de le faire. Connaitre les habitudes cognitives de l’adversaire permet donc de retourner son SRA contre lui (par exemple les gilets jaunes au stade de France ou le clochard transportant l’or à la barbe des braqueurs).
01.3 Maitriser son image est une science
Quand vous regardez les gens, votre esprit fait un scanner subconscient de ce à quoi ils ressemblent et les classe dans des catégories. Le traitement de l’information simultanée étant limité, le cerveau n’enregistre que les formes générales des silhouettes pour déterminer s’il y a, dans la masse des passants, une silhouette se rapprochant d’une de vos connaissances ou une forme indiquant un danger (lame, barre de fer, fusil, etc.).
Ce sont ces formes que vous devez chercher à brouiller si vous souhaitez passer inaperçu(e).
Le « désilhouettage » bien connu des agents de terrain en est un exemple : se désilhouetter consiste à « casser » sa silhouette en changeant brusquement de vêtement (d’une couleur neutre à une couleur flash) et/ou de coiffure, de démarche, de taille, etc.
En exécutant un désilhouettage au détour d’une rue ou d’un couloir, vous offrez en un éclair une nouvelle signature visuelle totalement différente de la précédente. Une personne qui vous suivrait serait alors bien ennuyée pour continuer à vous pister : elle ne saurait plus à quoi vous ressemblez.
01.4 Survivalisme et stratégie de l’homme gris
D’un point de vue plus général et quotidien, pour le survivaliste la stratégie de l’homme gris consiste à ne pas se faire remarquer en affichant sa préparation (sac tactique bardé de passants MOLLE, vêtements au look militaire, réseaux sociaux blindés de liens et de remarques personnelles sur le sujet, etc.). Chacun fait ses choix évidemment mais se balader en permanence avec un attirail d’un goût douteux n’est pas forcément judicieux.
Le survivalisme n’est pas une mode mais un mode de vie. Ceux qui ressentent le besoin de l’afficher de cette manière sont, à mon sens, dans une logique survivaliste qui relève plus du hobby que d’autre chose. Mais ce n’est qu’un avis personnel et d’un autre côté, je peux comprendre qu’on aime utiliser ces matériels qui sortent de l’ordinaire.
Chacun verra midi à sa porte sur ce sujet en fonction du contexte dans lequel il évolue.
Je lis beaucoup de choses au sujet de la nécessité absolue d’être un homme gris pour sauver sa peau le jour d’un éventuel cataclysme sociétal. Pour être franc, comme je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises je ne crois pas à la théorie d’un effondrement brutal de notre monde tel qu’on peut le voir dans les films hollywoodiens ou dans certains romans sur le sujet.
Je vous invite à prendre du recul sur ce genre de réflexions, qui je pense relèvent plus d’une volonté de marchandisation du survivalisme que d’autre chose. La peur fait vendre…
02. Adapter son comportement pour se fondre dans la masse
Ce qu’il faut éviter à tout prix, c’est de ressortir dans la foule comme une tâche d’huile sur une robe de mariée. Vous devez adapter votre tenue et votre comportement où que vous soyez, si vous ne le faites pas le scan inconscient des gens qui vous entourent s’attardera sur vous jusqu’à provoquer leur attention active.
Prenez l’exemple banal d’une fête d’anniversaire. Tout le monde discute et rit sauf cette personne qui, sans se tenir à l’écart, ne semble pas apprécier le moment qu’elle passe. Vous l’avez remarqué, d’autres le remarqueront et dans quelques minutes quelqu’un fera une remarque à ce sujet. Dans une fête d’anniversaire, pas de souci. Dans un contexte de vie ou de mort, c’est la mort assurée.
02.1 Être la copie d‘une copie d’une copie
Si vous voulez vous fondre dans un environnement, vous devez prendre en compte le look général, les couleurs ainsi que l’attitude des locaux et tout faire pour vous y assimiler. Si vous êtes en Afrique du nord et que les hommes portent des djellaba aux tons neutres, portez une dejllaba au ton neutre (pas de couleurs vives ni originales).
S’ils portent la barbe, portez la barbe. S’ils ne coiffent pas leurs cheveux, ne coiffez pas les vôtres. S’ils ne portent pas de lunettes de soleil, n’en portez pas non plus. Rien ne doit vous différencier des locaux.
02.2 Vos actions doivent coller à votre personnage
Agissez toujours comme les gens qui vous entourent. Si vous êtes habillé comme les locaux mais que vous mangez avec des couverts alors qu’ils mangent avec les mains, vous vous ferez remarquer. Comme vous l’avez fait avec les vêtements, prenez le temps d’observer le comportement des gens qui vous entourent et répliquez-le.
De même, ne donnez pas l’impression que vous ne savez pas ce que vous faites là. Ne tournez pas la tête dans tous les sens avec l’air paniqué, ne donnez pas l’impression que vous ne comprenez pas ce que vous faites là et surtout ne laissez jamais transparaître votre angoisse. La peur attire les prédateurs, c’est aussi vrai chez les humains que chez les animaux.
Restez calme en toute circonstance et si vous devez poireauter sur place un certain temps, prenez l’air occupé avec un calepin ou un journal pour que les gens ne se demandent pas ce que vous faites planté là les bras ballants. Rappelez-vous l’exemple des gilets jaunes.
02.3 La façon de faire est aussi importante que ce que vous faites
Appliquer la stratégie de l’homme gris avec succès requiert d’être un excellent acteur et d’avoir confiance en soi. Si vous décidez de vous habiller comme un SDF, vous devez penser, marcher, parler comme un SDF.
Si vous enfilez un gilet jaune, vous devez vous comporter comme un responsable technique : regard droit, concentré, démarche affirmée, etc. Dans le concept de l’homme gris plus qu’ailleurs, l’habit ne fait pas le moine : le camouflage le plus efficace est celui de l’esprit.
Les films d’OSS 117 sont le parfait contre-exemple de l’homme gris. En plus de vous faire rire, ils vous permettront de mieux comprendre le concept alors n’hésitez pas à les (re)voir.
Si vous avez des exemples d’expériences où vous avez fait appel à ces techniques, partagez-les dans les commentaires !
PS : vous pouvez désormais mettre un coup de pelle à ceux qui assimilent l’homme gris à la couleur grise, et attaquer la lecture de la partie « défensive » du concept de l’homme gris.
Légendat
Travaillant ppur le metro a paris, meme avec mon gilet fluo, ma demarche, mon style vestimentaire et mon sac a dos la sécurité m’arrêtais souvent.
C’est rassurant ! Ça prouve que le succès d’une infiltration repose en grande partie sur la vigilance de la partie adverse… et j’imagine que certaines stations sont mieux surveillées que d’autres.
Une bonne alternative aux sac tactiques c’est les sacs de sports. Look plus innocent et organisation interne pratique, solides et fiables. Dakine par exemple, les modèles sport d’hiver et skateboard sont intéressants. Sinon pour les couturiers bricoleurs c’est toujours possible de « tacticaliser » l’intérieur d’un eastpack qui n’a que deux poches la grande et la petite, trop peu à mon gout 🙂 . Bon article, inspirant.
L’habit ne faits pas le moine certes mais sans on ne le reconnait pas.
Excellent billet.
Hello, l’article est excellent !! Mais il me semble qu’il y ait une donnée non abordée… Vous avez pris l’exemple de l’Afrique du Nord et de la barbe mais QUID de la couleur de peau?? Je vis dans un pays Africain ou les blancs sont, de par leur couleur, considérés systématiquement comme « riches ». Quand un blanc prend un taxi il paiera toujours plus cher qu’un métisse ou un noir… Alors le jour où le climat social ou économique se gatte les blancs seront les premières cibles. Même en s’habillant en savates, maillot de bain et débardeur (uniforme par ici…) je resterai une cible de choix… Que faire alors? n’est il pas dans ce contexte plus judicieux de ne pas être vu du tout? Rester dans un véhicule « standard » et aller dans un lieu sûr?
Merci de comprendre qu’il y a ici aucune polémique sur la couleur de peau, c’est juste un fait… je suis dans un pays ou il y a 8000 blancs principalement propriétaires terriens pour 1,200,000 d’hbts…
Merci de vos réponses
Bonjour ADC et merci pour ta participation très pertinente sur ce sujet.
En effet à moins de bosser avec l’Agence Tous Risques impossible de changer de couleur de peau… Dans des contextes comme celui que tu évoques être le seul blanc au milieu d’une population noire est l’équivalent de se mettre une cible clignotante dans le dos si la situation dérape. Tout le monde se souvient du mot d’ordre ivoirien en 2004… « à chacun son blanc ! »
Ce que tu me décris me fait penser au Gabon, en passant.
Un autre exemple de cette pseudo « cohabitation » à beaucoup plus grande échelle est l’Afrique du Sud où les blancs vivent parqués dans des résidences sécurisées, dotées de milices privées et d’une puissance de feu considérable.
Quand on se retrouve piégé dans une épuration ethnique on en est plus à se fondre dans la foule, il faut disparaître fissa avant de se faire fumer.
Ne sortir que dans un véhicule banalisé et se montrer le moins possible peut fonctionner au quotidien mais c’est une vie de frustration et il y a toujours un moment où quelqu’un te verra y monter ou en sortir. Les murs ont des yeux et des oreilles surtout au pays de la palabre… Quand tout va bien pas de problème mais dans le cas inverse… Il suffit de passer le mauvais checkpoint pour se faire labourer la gueule à la machette par une foule hystérique.
Sans savoir exactement de quel pays tu parles ni le contexte qui fait que tu t’y trouves et encore moins si tu es seul ou avec ta famille, voici ce que je peux te dire :
Si tu sens que ça va mal finir et que tu peux te barrer, fais-le.
Sinon :
La première étape est de te mettre en réseau avec ton ambassade et d’autres occidentaux dans ton cas.
Ensuite, sécuriser ton domicile et ta fuite si elle s’impose : caméras intérieur+extérieur et/ou système d’alarme de franchissement de périmètre (propriété et intérieur du domicile), grilles de sécurité renforcées derrière les portes et devant l’accès aux chambres, gros calibres voire armes de guerre prêtes à servir si le pays dans lequel tu te trouves te le permet… et plan d’évacuation béton avec véhicule tous terrains qui en a dans le ventre. Et évidemment ne rien dire à PERSONNE.
La deuxième étape serait de trouver un local de confiance pour te renseigner sur l’évolution de la situation au quotidien quitte à l’arroser (et de ne jamais lui faire confiance, car il finira par te la mettre, par lâcheté ou par plaisir).
Tu peux aussi, si tes moyens ou ceux de ton entreprise le permettent, faire appel aux services d’un professionnel qui saura s’occuper de ta sécurité et de celle de tes proches quand il le faudra. Il y a beaucoup d’ex-Mili Français qui ont servi en Afrique et qui proposent leurs services.
Tout dépend vraiment de la situation dans laquelle tu te trouves…
Au plaisir de continuer cette discussion avec toi,
Légendat
Bonjour,
Article excellent mais, tout comme la question de ADC, j’ai un problème pour passer inaperçu. Non pas à cause de la couleur de peau, mais à cause de ma taille (je mesure 2 mètres). Du coup, quand je n’ai pas envie qu’on me remarque, j’essaie de me planquer derrière une voiture (par exemple), je plie un peu les genoux et je penche la tête. Bon, pas de trop tout de même car ça se remarquerait autant que si j’agissais normalement.
Autre exemple, habille toi en clown et fait le con, tu passeras inaperçu ! des fois, être super visible te donne l’effet contraire. Tout dépend du contexte bien sûr. D’autres exemples à la c… dans ma boîte, le personnel de ménage, ce sont rarement les mêmes… qui y prête attention ?
Et une dernière chose, ce gentil vieux monsieur qui participait à toutes les cérémonies style Oscar, César, Grammy machin… qui arrivait en toute décontraction, saluait le public, montait les marches, et au final n’a jamais été acteur et pourtant a déjoué tous les systèmes de surveillance pendant des années parce qu’il collait à l’image !!!
Bonjour,
Je suis d’accord avec la remarque Gilet Jaune + taklie walkie = passe droit. Je l’ai remarqué moi-même lors de certains dispositifs de sécurité dont je faisais partie. Les hommes du terrain ne me connaissaient pas tous. La chasuble et un talkie walkie suffisait pour rentrer presque partout. Un seul garde sur 3 checks points avait demandé qui j’étais car pas habillé comme eux, mais en civile. J’ai simplement dit que je travaillais pour la technique et on m’a laissé entré.
Dans les stades de foot, le seul port de l’uniforme du service de sécurité suffit (suffisait j’espère) à rentrer sans aucun contrôle !
Cela, c’était au début des attentats en France. Maintenant, ils sont un peu plus vigilent. On demande les numéros de cartes d’identité à l’avance. Mais je n’ai pas toujours remarqué un contrôle très poussé sur site.
C’est un jeu d’acteur, il faut être crédible dans son rôle et s’y croire sans être extravagant et rester naturel. L’interlocuteur verra une personne sûre de son truc, mais normale pour son métier. Et quand quelqu’un est plus vigilent (il y a quand même), parler en étant convainquant peut encore ouvrir les portes. On va plutôt ennuyer le jeune à capuche que celui bien habillé. Et pourtant, les jeunes à capuches au look de dealer ne sont pas forcément les fraudeurs ! Donc, le facies a ses limites et sont simples à coutourner.
Aux entrées d’un festival, j’ai repoussé une policière en civile présentant son badge accompagnée de 3 personnes sans badges et sans billets. Je lui ai expliqué qu’il y avait les entrées spécifiques pour la police à 20 m de là ou qu’elle devait attendre que j’aille trouver un responsable. Elle a invoqué une urgence, j’ai insisté qu’elles devaient s’adresser à ses confrères ou disposer d’un billet d’entrée ainsi que ses accompagnants. C’était quitte ou double, si elle disait vrai, j’aurai été savonné, mais pour moi sous le couvert qu’aux entrées on nous avait sermonnés à la chasse aux fraudes et que personnes sans billets passaient par là. Les services se secours et autres ont leurs propres entrées. Puis, si c’était urgent, la policière n’aurait pas fait gentillement la fille. Si elle était arrivée au VIP en courant comme dans les films badge en main, elle serait certainement entrée.
Bravo pour ce dossier très complet. C’est évidemment la règle d’or de se fondre dans la foule pour se protéger des prédateurs. J’applique déjà ces quelques règles :
1) Je ne sors jamais mon téléphone portable dans le métro ou le bus (après me l’être fait voler une fois, et tentative d’arrachage une autre fois) ; Il faut savoir que quand on est une femme, on est une victime pré-désignée pour les voleurs de portables.
2) Je porte toujours mes affaires importantes (argent, clés, portable) dans une petite sacoche en bandoulière que j’attache serré.
3) Je laisse à la maison carte d’identité et carte vitale et ne les prend qu’en cas de nécessité (il faut compter 3 mois pour refaire sa carte vitale !)
4) lorsque je transporte mon matériel photo ou mon ordinateur, je les transporte toujours dans des sacs ordinaires et non dédiés à leur transport
4) je marche d’une façon ferme et décidée, le dos droit et par un simple regard j’éloigne les demandeurs en tous genre..
Si au début, cela me paraissait lourd, à présent avec l’habitude, c’est devenu une seconde nature
Eh oui, cela fait 40 ans que je vis à Paris, mais c’est depuis seulement 2 à 3 ans que j’ai subi plusieurs tentatives de vol et d’agression. Cela donne à réfléchir.
J’adore le personnage de film qui, pour fuir, marche à petits pas pressés, met les mains dans les poches et baisse la tête pour qu’on ne le remarque pas. Ne faites ça que dans un film!!!!
Pour Dominique: 5) Je transporte mon AR15 dans un étui à violon 😉
Plus sérieusement, tu as raison: ne pas faire envie, ne pas montrer ce qu’on possède.
Ahah ce personnage finit d’ailleurs généralement avec une balle dans la tête…
Pour l’ar15 musical… J’aime ton style !
L’habit ne fait pas le moine mais c’est grâce à ses habits qu’on le reconnaît.
Très bon sujet
Hélas, il y a longtemps que j’ai adopté une tenue « camouflage » depuis que je suis venue travailler à Paris. D’abord, j’ai été choquée par l’attitude des parisiens concernant ma tenue. Je venais de Toulouse, et certes le climat aidant, il était tout à fait naturel pour les femmes d’adopter des tenues légères, très féminines, sans provoquer une attention particulière ou inappropriée. Mais à Paris, je me suis aperçue que ces tenues vestimentaires étaient vues comme provocantes. J’avais pu voir cette différence déjà quand des collègues d’IDF venaient nous voir. Ils donnaient l’impression d’être à Disneyland. J’ai donc effacé la féminité de mes tenues en regrettant ce que je considère comme une régression qui en fait sexualise la femme dès qu’elle est féminine. Puis, la situation se dégradant, j’ai abandonné totalement l’élégance et le maquillage, ma priorité a été de passer inaperçue en étant une sorte d’unité humaine indifférenciée et sans attrait. Je pense que cela marque – peut-être plus que tout – la décadence de notre civilisation.