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Les inondations figurent parmi les catastrophes naturelles les plus courantes et les plus destructrices. Chaque année, elles causent des pertes humaines et matérielles significatives, tout en affectant lourdement les infrastructures des régions touchées.
Nous allons ici voir comment se préparer efficacement à affronter une inondation en minimisant le risque d’être surpris et en s’équipant pour faire face à la montée des eaux.
Note: je ne reviendrais pas ici sur les notions évoquées dans d’autres articles (sac d’évacuation, stocks d’urgence) mais vous trouverez des liens rapides pour consulter ces pages.
Comprendre les inondations et leurs causes
Une inondation survient lorsqu’un excès d’eau dépasse la capacité d’absorption d’un système de drainage naturel ou artificiel. Les causes peuvent être aussi variées que les types d’inondations qu’elles engendrent.
Les inondations fluviales, par exemple, sont souvent le résultat de pluies prolongées provoquant un débordement des cours d’eau. Les zones rurales proches des rivières sont particulièrement vulnérables à ce phénomène.
Les inondations soudaines, quant à elles, se produisent après des précipitations intenses qui saturent rapidement le sol ou surchargent les systèmes d’évacuation. Ces crues éclairs, imprévisibles et rapides, touchent fréquemment les zones vallonnées ou urbaines.
Les inondations urbaines résultent souvent d’une mauvaise gestion des infrastructures, où les surfaces imperméabilisées comme le bitume empêchent l’eau de pluie de s’infiltrer dans le sol.
Ce problème est exacerbé dans les zones densément peuplées, où la gestion des eaux pluviales est insuffisante voire carrément ignorée.
Inondations en France depuis 2015 : un rappel à l’ordre
Depuis 2015, la France a été confrontée à plusieurs inondations notables, causant des pertes humaines et des dégâts matériels significatifs.
Un désastre en chassant rapidement un autre, nous avons tendance à oublier les ravages causés par ces catastrophes naturelles (ou dites naturelles car l’urbanisation déraisonnée en est souvent la cause) :
- Octobre 2015 : Des inondations meurtrières ont touché la Côte d’Azur, notamment les Alpes-Maritimes, causant la mort de 20 personnes et des dommages matériels importants.
- Mai-juin 2016 : De fortes pluies ont entraîné des crues majeures de la Seine et de la Loire, affectant plusieurs régions, dont l’Île-de-France. Paris a connu une montée des eaux significative, avec un pic de la Seine à 6,10 mètres.
- Octobre 2018 : Le département de l’Aude a subi des inondations exceptionnelles, les plus graves depuis 1891, causant la mort de 15 personnes et des dégâts estimés à 220 millions d’euros.
- Octobre 2019 : Des pluies intenses ont provoqué des inondations dans le sud-est de la France, notamment dans les Alpes-Maritimes et le Var, entraînant la mort de 14 personnes et des destructions considérables.
- Octobre 2020 : La tempête Alex a frappé les Alpes-Maritimes, causant des inondations et des glissements de terrain dévastateurs, avec un bilan de 10 morts et plusieurs disparus.
- Juillet 2021 : Des inondations ont touché le nord-est de la France, notamment les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, causant des dégâts matériels importants.
- Janvier 2024 : La tempête Henk a provoqué des inondations dans le nord de la France, affectant 1 300 foyers et causant la mort d’une personne.
- Mars 2024 : Des orages violents ont entraîné des inondations dans le sud de la France, notamment dans le Gard et l’Ardèche, causant la mort de cinq personnes et la disparition de sept autres.
- Octobre 2024 : Les restes de l’ouragan Kirk ont entraîné des inondations dans plusieurs régions françaises, causant la mort d’une personne et des coupures de courant pour des milliers de foyers.
Cette liste que j’ai tiré de la Base de Données Historiques sur les Inondations (BDHI) n’est pas exhaustive, mais elle recense les inondations les plus marquantes en France depuis 2015 et nous amène déjà à 73 morts en 9 ans.
On a souvent du mal à se figurer comment les gens « se laissent » prendre au piège par les inondations, alors je vous invite à vous laisser porter par mon récit en hommage à Marie, victime fictive de la crue de l’Aude d’octobre 2018.
La pluie tombait depuis trois jours sans interruption. Le ciel gris, chargé de lourds nuages, semblait déverser toute sa colère sur les terres du sud de la France. Dans le petit village de Villegailhenc, près de Carcassonne, les habitants avaient l’habitude des averses, mais cette fois, l’atmosphère était différente. L’air était saturé d’humidité et de peur, et la rivière Trapel, d’ordinaire paisible, grondait comme une bête furieuse.
Marie, 37 ans, vivait seule dans une maison en bordure du village. Lorsque l’alerte météo avait été diffusée à la radio, elle avait envisagé de partir chez ses parents, mais elle avait renoncé, convaincue que les choses ne seraient pas si graves. Ce soir-là, alors qu’elle préparait son dîner, le courant s’était coupé. Dans l’obscurité, un bruit sourd l’avait fait sursauter : un craquement, puis un rugissement. En ouvrant sa porte d’entrée, elle avait vu l’impensable. La rivière débordait, emportant des branches, des morceaux de clôtures, et même des meubles déchiquetés.
La panique s’empara d’elle lorsqu’elle réalisa que l’eau montait rapidement. En moins d’une heure, le rez-de-chaussée était envahi. Marie tenta de joindre les secours, mais son téléphone ne captait plus. Elle monta précipitamment à l’étage, emportant son chat dans ses bras tremblants.
La nuit semblait interminable, chaque minute marquée par le vacarme de l’eau et les coups sourds des débris contre les murs de la maison.
À l’aube, l’eau atteignit l’étage supérieur. Marie, frigorifiée, trouva refuge sur le toit, accrochée à la cheminée. Elle voyait, autour d’elle, d’autres maisons emportées par les flots. Des cris d’appel résonnaient parfois, étouffés par le vacarme de l’eau.
Un hélicoptère des secours apparut enfin. Marie agita les bras pour attirer leur attention. Le pilote sembla la voir et fit un tour au-dessus d’elle. Mais soudain, un glissement de terrain, nourri par des tonnes d’eau et de boue, se déclencha en amont. La vague déferlante ne lui laissa aucune chance.
Le toit céda sous la force de l’impact. Marie, désespérée, tenta de s’accrocher, mais fut emportée par le courant. Les secouristes, impuissants, virent son corps disparaître dans le chaos liquide.
Son chat, seul témoin de son ultime combat, fut retrouvé accroché à une branche le lendemain.
Abrités derrière les écrans qui nous relaient ces nouvelles, nous avons tendance à sous-estimer la brutalité des éléments et la fragilité de nos vies face à leur puissance.
Évaluer sa vulnérabilité face aux inondations
Pour anticiper efficacement une inondation, il est essentiel de comprendre le niveau de risque auquel on est exposé. Une première étape consiste à consulter les cartes des zones inondables mises à disposition par le gouvernement et surveiller les alertes diffusées sur Vigicrues (https://www.vigicrues.gouv.fr/).
L’audit de votre habitation est également crucial. Un logement situé en sous-sol ou en rez-de-chaussée présente un risque accru, tout comme une maison construite avec des matériaux qui n’offrent aucune résistance à l’humidité.
Il est important d’inspecter les systèmes de drainage autour de votre propriété et de vérifier si des améliorations comme l’installation de pompes de relevage pourraient être nécessaires et efficaces. Si vos caniveaux débordent à chaque épisode pluvieux, vous devriez vous penchez sérieusement sur la question.
Par ailleurs, je vous invite fortement à vérifier que vous avez bien souscrit une assurance habitation couvrant les dégâts liés aux inondations. Vérifiez les termes et conditions du contrat pour vous assurer que les pertes potentielles, y compris celles des biens de valeur, seront indemnisées.
Préparez également un inventaire des biens avec des preuves d’achat et des photos pour vous faciliter les démarches en cas de sinistre.
Comment se préparer à une inondation
La préparation aux inondations passe par des aménagements structurés et par la mise en place d’un plan d’urgence familial.
Si tout va bien vous avez déjà préparé un sac d’évacuation par personne et vous avez placé votre stock d’eau et votre stock de survie alimentaire dans un endroit peu susceptible d’être submergé.
Si vous n’avez rien de tout cela, ça se passe par ici :
Assembler un sac d'évacuation
Préparer un stock d'eau de survie
Le stock alimentaire de survie
Dans les zones à risque élevé, il est impératif d’investir dans du matériel spécialisé. Les sacs de sable ou les barrières gonflables offrent une première ligne de défense contre l’eau. Un générateur électrique assure un fonctionnement continu des appareils essentiels, tandis que les pompes de relevage permettent de limiter efficacement les accumulations d’eau stagnante.
L’installation de barrières anti-inondation autour des portes et des fenêtres peut réduire considérablement les infiltrations d’eau. Des pompes de relevage, installées stratégiquement dans les sous-sols et le rez-de-chaussée, permettent d’évacuer rapidement les eaux stagnantes et de limiter les dégâts matériels.
Je vous recommande d’avoir à minima les éléments suivants dans votre arsenal anti-inondation :
- Générateur thermique ou électrique type Jackery Explorer 2000 Pro
- Sacs anti-inondations (modèle conseillé Thermalking 25x100cm)
- Barrières Quick-Dam autogonflantes (disponible en 1,5 mètres ou en 3 mètres de longueur)
- Barrières étanches anti-inondations à fixer pour portes (idéal pour une protection pérenne, taille au choix ici)
- Mastic d’étanchéité pour blinder les contours de vos fenêtres, baies vitrée, portes secondaires (pénible à enlever ensuite mais évite de voir l’eau s’infiltrer par les ouvrants).
- Pompe d’évacuation pour eaux chargées (pompe dite « vide-cave »)
Attention, toutes les pompes de relevage ne se valent pas. Il vous faut spécifiquement une pompe haut débit prévue pour évacuer les eaux chargées (boue, débris, etc.). Je vous recommande la Einhell de 900w, qui fera le job sans broncher en cas de besoin.
Le positionnement stratégique des appareils électriques et électroniques, des meubles et des objets de valeur est une autre mesure préventive efficace. Utilisez des parpaings ou des briques pour surélever ce matériel au-dessus du niveau potentiel d’inondation.
Dans le même esprit, conservez les documents importants, comme les actes de propriété ou les contrats d’assurance, dans des contenants étanches placés en hauteur.
Comment agir face à une inondation soudaine
Lorsque les eaux montent et que la rivière d’ordinaire paisible devient une menace, il n’y a pas de place pour l’improvisation.
La priorité, c’est vous, votre famille et votre vie.
Voici ce que vous devez savoir pour faire face à une inondation et augmenter vos chances de rester en sécurité.
Avant que l’eau ne monte : soyez prêt
- Déployez vos contre-mesures (sacs de sable, pompes, barrières, etc.)
- Restez vigilant : Suivez les bulletins météo. Une vigilance orange ou rouge n’est pas une simple information ; c’est une alarme. Branchez la radio, gardez votre téléphone chargé et surveillez les consignes locales. Chaque minute compte.
- Préparez votre kit de survie : Sortez vos sacs d’évacuation et placez-les en pole position en cas de départ précipité. Tout doit être prêt pour accélérer votre extraction.
- Pensez au chemin le plus sûr : Avant qu’il ne soit trop tard, repérez les endroits élevés où vous pourriez vous réfugier. Parlez-en à vos voisins, surtout aux plus fragiles. L’union fait la force en cas de catastrophe.
- Protégez vos biens, mais pas au péril de votre vie : Si vous avez le temps, surélevez les meubles, coupez l’électricité et le gaz. Si vous n’avez pas le temps, tant pis !
Quand l’inondation frappe : réagissez vite
- Ne jouez pas les héros : Si on vous demande d’évacuer, ne tergiversez pas. Prenez vos affaires essentielles et partez. L’eau monte bien plus vite qu’on ne le pense.
- Coupez toute source d’énergie : Si l’eau commence à s’infiltrer, coupez le courant pour éviter les électrocutions. L’eau et l’électricité forment un duo mortel.
- Cherchez la hauteur : Si vous êtes pris au piège, montez à l’étage, sur le toit si nécessaire. Ne descendez jamais dans une cave ou un sous-sol, c’est un piège fatal.
- Ne traversez jamais l’eau à pied ou en voiture : L’eau peut sembler calme, mais même 30 centimètres suffisent pour vous emporter. Une voiture, aussi lourde soit-elle, peut être balayée en moins d’une minute. Mieux vaut attendre les secours que risquer sa vie.
- Faites-vous repérer : Les secours ont besoin de vous voir. Agitez une lampe, un vêtement coloré, ou un linge blanc pour signaler votre présence. Si vous avez un téléphone, appelez le 112 et décrivez précisément où vous êtes.
Une fois les eaux redescendues : restez prudent
- Attendez les consignes des autorités : Ne retournez pas chez vous avant qu’ils n’aient déclaré la zone sûre. Ce qui semble stable peut s’effondrer à tout moment.
- Méfiez-vous des eaux stagnantes : Elles cachent bien des dangers : câbles électriques tombés, fosses, objets tranchants bactéries dangereuses… Gardez vos enfants et vos animaux éloignés.
- Photographiez les dégâts : Prenez des photos pour les assurances, mais ne vous exposez pas inutilement. Si un bâtiment semble instable, signalez-le plutôt que de vous y aventurer.
Souvenez-vous de ceci :
Une inondation peut détruire vos biens, mais aucun matériel ne vaut le coup de mettre votre vie en danger. Restez calme et agissez avec discernement. Votre maison peut être reconstruite, votre mobilier racheté, mais votre vie et celles de vos proches sont irremplaçables.
Si vous ne visualisez pas le risque auquel vous vous exposez, voici une vidéo des inondations qui ont frappé Valence fin octobre 2024 et qui reflète bien le danger :
Lorsqu’une inondation est imminente, votre priorité doit être de protéger les vies de vos proches. Si les autorités émettent un ordre d’évacuation, il est crucial de vous y conformer sans délai.
Ne perdez pas de temps à tergiverser, les retards peuvent entraîner des situations dangereuses surtout si les routes deviennent impraticables.
Si l’évacuation n’est pas possible, dirigez-vous vers les étages supérieurs ou vers un point élevé à proximité, en évitant à tout prix les zones où l’eau circule rapidement.
Construire une résilience à long terme
Au-delà des actions immédiates, il est essentiel d’adopter une stratégie de résilience à long terme pour faire face aux inondations.
Cela peut inclure des rénovations visant à rendre votre habitation plus résistante aux inondations, comme l’utilisation de matériaux imperméables ou l’installation de systèmes de drainage améliorés.
Surtout, éduquez votre famille, en particulier les enfants, sur les gestes à adopter en cas de crise.
Fulmen Adveho !
Légendat
PS : N’oubliez pas de lire mon article plus général sur la préparation aux catastrophes naturelles, vous y trouverez d’autres informations pratiques et utiles.
Merci pour cet article!
C’est du vécu personnel en plein que tu m’as fait remonter à la surface!
J’habitais une maison en zone inondable où j’avais l’habitude de crues de 1 à 1,5 m en cave max gamin. Ville de Liège. Ton texte me rappelle très bien la rapidité. Les années ont passées. On en avait plus grace à des travaux urbains. Puis, y a 4 ans, je vends la maison pour habiter ailleurs.
8 mois après la vente, des inondations historiques de 2021 s’abattent dans la ville. 3 m d’eau, REZ inondé.
Ayant mes anciens voisins comme amis, je me souviens leurs avoir conseiller de partir et de prendre des PMR446. « NENI, PAS BESOIN « . En 1h, ça a monté de 1m, puis 2m, puis 3m, puis 4m. Plus de 4G, plus de réseau ASTRID, plus rien!
Côté alerte, à part les prévisions météo alarmantes et trop même pour être prises au sérieux, l’alerte a été minime. Les spécialistes n’ont pas cru les modèles météo, pourtant… 5 modèles différents annonçaient 300 L/m². Pas possible!!!!
Ah ben si !! Hehehe !!!
Ignorant les modèles, les gens des barages ne les ont pas vidés. Puis il a bien fallu ouvrir les vannes à un moment face au risque du débordement.
Je me souviens d’avoir à mes anciens voisins: « Pars ! »
Puis, la claque a été lorsque je suis venu après la catastrophe les aider. C’était du jamais vu ! Des REZ atteint jusqu’au plafond ! Je suis revenu dans mon ancienne habitation pour donner des renseignements. Ouf ! La claque!
Les inondations, c’est comme le feu. On doit partir sans traîner et prendre ses enfants. Le reste, tant pis.
Merci beaucoup pour ton commentaire constructif, c’est très intéressant d’avoir l’expérience de quelqu’un qui a vécu ce type de catastrophes. C’est particulièrement intéressant de voir quelles ont été les réactions de ton voisinage et combien nous sommes en définitive peu éduqués à ces risques.
Tu as raison de mettre l’eau et le feu côte à côte en termes de danger et de destruction, personnellement je crains encore plus l’eau que le feu. Les flots déchaînés des crues éclairs sont terrifiants, d’ailleurs je vais ajouter une vidéo illustrant cela au corps de l’article. Merci encore pour ta fidélité et tes contributions pertinentes !
De rien Légendat.
Avec plaisir!
Mais oui, même moi je ne me rendais pas compte à ce point. L’eau, c’est plus vicieux finalement comme la lave, ça arrive assez lentement pour ne pas se sentir alerter, puis ça monte, ça monte, ça monte finalement vite.
Un autre côté que tu as dit, c’est les assurances. Faut bien préparer son coup. Lors de l’aide dans mon ancienne rue, j’ai aidé un jeune couple qui n’avait pas de famille tout près. Nous plus âgés les avons aidé pour l’assurance en donnant les conseils sur ce qui faut déclarer, ou non. Dire et pas dire. Certaines compagnies ont été très réactives, d’autres grattaient sur tout. Ils n’avaient jamais eu d’expériences de sinistre (heureusement) que nous plus âgés où on a déjà eu des histoires.
C’est bien d’aider à sortir les crasses dehors, mais aussi donner des conseils.
Le problème également c’est que parfois les autorités tardent à déclarer l’état de catastrophe naturelle et les assurances savent en jouer. C’est toujours un calvaire, surtout dans ces moments là, d’arriver à joindre les services concernés pour obtenir une prise en charge rapide. Pour cette raison j’assure tout avec les plus grosses garanties auprès de mutuelles sérieuses et pas chez les lowcost qui cherchent à gratter sur tout dès qu’ils doivent faire ce pour quoi leurs clients les payent grassement !