01. S’organiser pour évacuer avec rapidité et efficacité

Il est des choses qui ne s’improvisent pas et comme le confinement dont est est l’exact opposé, l’ évacuation en fait partie. Elle doit être pensée en premier lieu pour pouvoir être intégrée immédiatement aux autres réflexions : aménagement du domicile, acquisition de matériel, tout doit être pensé pour faciliter votre fuite si les circonstances l’exigent.

La survie n’est pas un droit. La survie est une chance. Devenir résilient augmente les chances de survivre mais ne le garantit pas. Et dans un cas comme dans l’autre, on y laisse des plumes. Il n’est pas réaliste d’imaginer quitter son domicile du jour au lendemain pour vivre de la cueillette et de la chasse dans les bois. Ni de croire qu’on peut vivre vieux en se passant de la médecine moderne. Les informations nous le montrent chaque jour : tout le monde n’a pas droit à la vie.

01.1 Les signes avant-coureurs d’une crise sociale à venir

Le meilleur moyen de traverser une crise est d’en identifier les signes avant-coureurs et de s’en éloigner avant qu’elle n’éclate plutôt que de la subir, même si on y est préparé. Savoir quand la bombe va détoner vous donne une chance de sortir de son rayon d’explosion à temps, ou du moins d’adapter votre comportement et vos décisions aux enjeux de la situation. S’il n’existe pas de recette miracle ni de sixième sens pour prévoir les catastrophes, certains symptômes constituent de bons indicateurs que la situation tourne ou va tourner au vinaigre et peuvent vous aider dans votre processus décisionnel.

> L’augmentation tangible de la violence dans votre ville, dans les villes voisines ou au niveau national est un des symptômes les plus évidents. Au-delà des informations qui vous parviennent du monde entier, ce sont les nouvelles locales qui sont le meilleur indicateur de l’état de votre environnement direct. L’augmentation des agressions, des affrontements entre bandes rivales, des meurtres, des expéditions punitives, des émeutes, des vols et des viols est un signe très fort que la situation devient hors de contrôle.

Les attaques sur les policiers, les pompiers et leurs bâtiments officiels sont également à surveiller de près : les conflits civils commencent généralement par l’évaluation des temps de réponses puis par la neutralisation des forces de l’ordre et des secours pour laisser le champ libre à la « purification ». Vous équiper d’un scanner qui permet l’écoute des fréquences d’urgence peut vous aider à évaluer la gravité de la situation lorsque des troubles éclatent. Au quotidien, n’hésitez pas à engager la discussion avec des policiers où à consulter leurs forums de discussion sur le net pour vous renseigner sur leur ressenti.

> Le repli communautaire n’annonce rien de bon non plus. En prison, les criminels qui se ressemblent s’assemblent pour se protéger et prendre le pouvoir : groupes ethniques ou religieux, membres de gangs ou de partis politiques, délinquants venant de la même ville…tout prétexte est bon pour ne pas rester seul dans la cage face aux lions.

Il en va de même dans la société civile : quand la mixité sociale diminue et disparaît, ce n’est plus qu’une question de temps avant que les groupes ainsi formés ne se confrontent et cherchent à s’éliminer les uns les autres pour imposer leur vision politique et religieuse ou leur mode de vie. Prenez le temps d’analyser quelle communauté est surreprésentée ou virulente dans votre environnement et vous aurez quelques pistes pour déterminer à quel risque vous faites face.

> La minimisation de la gravité de la situation par les médias et les appels au calme des politiques sont de mauvais présages également. Quand vous les entendrez dire qu’il ne faut pas paniquer, écoutez-les… gardez la tête froide et exécutez votre plan d’évacuation.

> Les rushs d’achats-panique sont annonciateurs de graves problèmes à venir, en particulier lorsqu’ils sont suivis d’une période de calme plat (rues et magasins déserts, trafic automobile faible). Si la situation se tend jusqu’au point où les gens préfèrent s’isoler chez eux que sortir, ce n’est plus qu’une question de temps avant que l’élastique ne lâche. La part la moins prévoyante et la plus violente de la population va se rencontrer dans la rue et mettre le feu aux poudres.

Les bandes de jeunes livrés à eux-mêmes, les personnes qui font leurs courses au jour le jour et qui ne stockent rien, les assistés sociaux, les groupes fondamentalistes religieux et le crime organisé donneront un feu d’artifice qui ne laissera plus de doute sur la gravité de la situation (d’où l’intérêt de ne pas avoir à se ruer dans les supermarchés au dernier moment).

> Le changement de comportement des policiers et des secouristes : lorsque les forces de l’ordre participent au désordre (vols, agressions et violences sur les citoyens, comportements menaçants, etc.) et que les secouristes ne secourent plus c’est que l’équilibre des forces est totalement perturbé et qu’il est l’heure de partir sans se retourner.

01.2 Se préparer au pire pour profiter du meilleur

Vu de la fenêtre d’une maison française, le chaos et la mort paraissent bien lointains. La famine, les bombardements, les massacres, le deuil et la cruauté semblent réservés à des peuples aux contrées lointaines, on se sent privilégiés par le destin, presque spéciaux. Spécial, personne ne l’est. La mort n’élit pas ses victimes selon leur position géographique ni leur origine sociale, elle n’a pas de critères ni de frontières. Elle frappe à l’aveugle et fauche les beaux et les moches, les riches et les pauvres, les érudits et les ignorants… Vous n’avez pas plus de chances de survie que la personne qui se tient à vos côtés : il n’y a d’égalité pour les hommes que dans la mort.

Il n’y a pas de recette miracle pour échapper à une catastrophe de grande envergure telle qu’une explosion nucléaire ou une pandémie mortelle et ces éventualités restent faibles. Se concentrer sur des scénarios plus plausibles envisageant des troubles limités en gravité et en durée est une stratégie plus accessible et efficace. Parmi ces scénarios figure une évacuation forcée de votre domicile, de votre ville ou même du pays et il faut le prendre en compte.

Évacuer, cela signifie quitter votre résidence principale. Votre résidence principale est par définition le lieu où vivez, où vous êtes le mieux organisé et où vous étiez, jusqu’alors, le plus en sécurité. L’ évacuation doit donc intervenir en dernier recours car elle suppose d’abandonner le principal repère de votre vie ainsi qu’une grande partie de votre matériel, et elle doit de préférence avoir pour destination un autre endroit sécurisé si vous ne voulez pas jouer les robinsons du périphérique. L’ évacuation doit être préparée en amont afin de ne pas se transformer en débandade risquée.

Éviter de se trouver piégé dans une situation de survie est le meilleur moyen de survivre. Si le domicile principal et le matériel jouent un rôle important dans le quotidien du survivaliste, ils ne doivent pas devenir une attache indéfectible ni constituer un frein à l’ évacuation. Quel que soit la nature du matériel stocké et l’investissement qu’il représente, il faut accepter l’idée qu’on puisse être forcé de l’abandonner et être préparé à quitter son lieu de vie principal sans se retourner.

01.3 L’importance du matériel pour l’ évacuation

Ce n’est pas le matériel qui sauvera votre vie ; il peut y contribuer mais c’est avant tout votre état d’esprit qui vous permettra de vous en sortir en prenant les bonnes décisions au bon moment. Si vous avez une destination précise à rallier en cas de besoin (et c’est fortement conseillé), assurez-vous que le lieu en question soit équipé en stocks utiles afin de ne pas être tenté de transformer votre évacuation en déménagement.

Créer de la symétrie entre votre domicile et votre point de chute est important : vous devez être capable de prendre la route avec rien d’autre que votre EDC si les circonstances l’exigent, sans avoir à vous préoccuper de ce que vous laissez derrière vous. C’est là que l’anticipation, l’acquisition de connaissances, de réflexes et de compétences prennent toute leur importance : quoi qu’il arrive, on n’est jamais complètement démuni. Préparer son évacuation en amont permet d’avoir le temps de penser et de mettre en œuvre cette symétrie.

Un départ précipité est la garantie de faire à peu près n’importe quoi et d’oublier la moitié des choses vitales au voyage et à ses aléas, en particulier si vous avez des enfants. La préparation à cet événement doit être sérieuse et minutieuse. Comment allez-vous vous vêtir en fonction de la saison ? Quels documents administratifs vitaux et irremplaçables devez-vous emmener ? Quels peuvent être les déclencheurs ? Quel sera votre mode d’ évacuation et son timing ? Quelle sera votre destination et quels itinéraires pourrez-vous emprunter pour la rallier ?

 

01.4 Les 5 règles de bon sens pour apporter un début d’organisation à votre évacuation

  1. Préparez plusieurs clés USB robustes contenant des scans de vos passeports et cartes d’identité, extraits d’état civil, permis de conduire, cartes vitales et attestations de sécurité sociale, cartes bancaires et relevés d’identité bancaire, actes de propriété, polices d’assurances, ordonnances médicales importantes et tous autres documents qui vous paraissent nécessaire. Dispatchez ces clés USB dans vos affaires (ne les mettez pas toutes dans le même sac !). Gardez sur vous vos passeports et CNI ainsi que des copies papier en cas de besoin.
  2. Prévoyez d’emmener de l’argent liquide avec un minimum de 2000€ en coupures de 10,20 et 50€. Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier et gardez sur vous une liasse de quelques centaines d’euros à céder sous la menace pour leurrer les voleurs en cas de braquage.
  3. Choisissez des vêtements le plus neutre possible et évitez à tout prix les marques apparentes, les couleurs flashy et les imprimés militaires de type camouflage. Idem pour vos sacs à dos, bannissez tout ce qui attire l’oeil.
  4. Si vous comptez évacuer avec des armes, quelles qu’elles soient, dissimulez-les dans vos poches, sous vos vêtements ou dans vos sacs en veillant à ce qu’elles soient à l’abri des regards tout en restant accessibles rapidement et facilement. Soyez prêt à vous en débarrasser si les circonstances l’exigent (fouilles, passages de douanes, etc.). Exhiber une arme à feu est le meilleur moyen de se faire abattre ou dépouiller avant d’avoir parcouru les premiers 500 mètres de votre évacuation.
  5. Trouvez et testez des itinéraires de fuite différents et avec des modes de transports différents.
  6. Une fois vos scénarios d’ évacuation établis, testez-les ! Il n’y a que de cette façon que vous vous assurerez que vous avez pensé le problème dans sa globalité.

02. Évacuation : faut-il rester en ville ou fuir à la campagne ?

Un des grands dilemmes du survivalisme est l’ évacuation, et en particulier l’inépuisable bataille entre les partisans d’un maintien en agglomération et ceux qui préconisent de fuir vers la campagne, voire de s’y établir en prévision d’une catastrophe à venir. Comme bien souvent aucune de ces solutions n’est idéale.

Ceux qui dédaignent totalement l’idée de l’ évacuation et qui pensent pouvoir vivre en autarcie dans leur appartement du centre parisien pendant 3 mois ont une aiguille à tricoter plantée dans l’œil. Tout comme ceux qui s’imaginent naïvement la vie en zone rurale comme La petite maison dans la prairie de Charles Ingalls.

02.1 Le piège citadin

Pas besoin de faire appel à son imagination pour savoir ce qui se passe lorsque les lumières s’éteignent dans une mégalopole de 12 millions d’habitants comme Paris et sa région. Ceux qui choisissent de rester en ville ou qui y seront forcés feront face aux risques de vols, mouvements de foule, passages à tabac, cambriolages, incendies accidentels et criminels, enlèvements, viols, meurtres crapuleux…

Ceux qui tenteront une évacuation seront confronté au flux d’une exode massive. Les grandes villes font peur, mais c’est aussi dans là que l’ordre et les systèmes de support sont rétablis en premier dès que la situation le permet.

02.2 L’isolement rural

Quant aux campagnes isolées, les rapports de police et de gendarmerie annuels répertorient nombre de vols avec effraction et cambriolages interminables ou les assaillants bâillonnent, torturent et/ou violent les propriétaires des lieux et leurs enfants. Si vivre isolé à la campagne permet d’être plus indépendant sur le plan alimentaire et plus en sécurité face à la délinquance ordinaire, ce même isolement expose à des attaques extrêmement violentes liées au sentiment d’impunité des criminels qui savent pouvoir « travailler » sans être dérangés.

S’isoler, c’est aussi se priver de l’aide et des services dont on pourrait avoir besoin au quotidien comme dans l’urgence et cet éloignement doit être pris en compte.

02.3 Halte aux clichés

La campagne n’est d’ailleurs pas toujours accueillante : nombre de régions reculées, en particulier les maquis, n’acceptent pas facilement d’accueillir des inconnus. Si les citadins s’y établissant en temps de paix ont du mal à s’y faire accepter, imaginez quel accueil serait réservé à de parfaits inconnus en des temps de troubles. Si vous décidez d’acheter un bien en province, assurez-vous d’entrer en contact avec les locaux et en particulier avec vos futurs voisins pour prendre la température.

La meilleure des solutions consisterait à avoir une maison de famille (où la population locale a donc connu nos ascendants et nous identifie comme légitimes) en province dans une ville bien structurée de quelques milliers d’habitants et de pouvoir s’y retrancher en cas de besoin. Une fois encore, ce n’est pas donné à chacun et encore faut-il pouvoir rallier cette maison le moment venu.

02.4 Le bénéficie du doute…

Il est évident que les zones rurales sont plus rassurantes que les zones urbaines : plus d’espace, plus de ressources, moins de population… Ce n’est pas une garantie de traverser la crise sans égratignures, mais si vous avez la possibilité d’évacuer vers une maison située en province et que vous êtes sûr que la zone est épargnée par les troubles que vous fuyez, saisissez-la. Si vous n’avez aucune information, c’est quitte ou double…

Parfois, mieux vaut un mal connu qu’un bien qui reste à connaître. Personne ne pourra décider pour vous de ce qui est le mieux si la question de l’ évacuation vient à se poser. A défaut de solution toute trouvée et de certitudes sur votre sécurité et celle de votre famille, vous pouvez vous donner les moyens de mettre toutes les chances de votre côté en réfléchissant aux différentes alternatives qui s’offrent à vous.

 

03. Évacuer avec son véhicule personnel

Beaucoup de scénarios d’ évacuation établissent des parallèles dangereux et inexacts avec les exodes urbains qui ont eu lieu durant les 1ère et 2nde guerres mondiales sans tenir compte de l’accroissement de la population, du développement des infrastructures routières et de la démocratisation de l’automobile, ni des fractures ethnico-sociales qui sont intervenues depuis. Il suffit de prendre la route un jour de grands départs en vacance pour prendre la mesure de la catastrophe annoncée en cas d’ évacuation massive des grandes villes et en particulier de la région parisienne.

03.1 Apocalypse now

Il faut se préparer à affronter des conditions très difficiles si on évacue avec son véhicule personnel. Les embouteillages monstres auxquels chacun devra vraisemblablement faire face et la charge éventuelle du matériel d’ évacuation vont entrainer une consommation anormale des véhicules. Il faut compter avec la saturation voire la fermeture des aires d’autoroute et donc avec l’impossibilité de se réapprovisionner en nourriture, eau et carburant sur le chemin.

Fermez les yeux et visualisez ce qu’il se passe lors des grands départs et retours de vacances… maintenant imaginez que ce sont des villes entières qui prennent la route en même temps. Les motards et quelques vélos remonteront les files de voitures à toute vitesse, le code de la route deviendra optionnel et des accidents et des pannes surviendront. Il est même probable de voir des piétons emprunter les autoroutes. Ces dernières ne représentent d’ailleurs pas toujours l’itinéraire le plus judicieux : forte fréquentation et impossibilité de faire demi-tour sont les ingrédients du piège parfait.

03.2 Les règles d’entretien, de sécurité et de conduite du véhicule d’ évacuation

Quelle que soit la route que vous emprunterez votre temps de trajet sera multiplié par 3 dans le meilleur des cas et un véhicule qui roule au pas ou qui est immobile est vulnérable : la sécurité pourra représenter une sérieuse préoccupation en fonction des zones que vous traversez et du contexte de l’ évacuation.

Il est donc important de :

  • Toujours avoir le plein de son réservoir de carburant, ou du moins ne jamais laisser son réservoir tomber en-dessous de 50% de remplissage.
  • Disposer d’un extincteur dans l’habitacle du véhicule.
  • Acheter plusieurs bombes anti-crevaison pour continuer à rouler le plus longtemps possible le cas échéant.
  • S’équiper de chaines à neige et s’entrainer à les installer rapidement.
  • Si possible, stocker 2 jerricans de 20L de carburant dans son parking pour ne pas avoir à passer à la pompe avant d’évacuer : les stations seront prises d’assaut donc inaccessibles et leurs cuves seront peut-être vides avant que vous ne puissiez faire votre plein. Les voitures modernes de type citadines (Renault Clio, Citroën C3, Ford Fiesta, etc.) sont dotées de réservoirs de 45L environ, 40L de carburant vous permettent de parcourir environ 450km dans des conditions normales.
  • Prévoir eau, nourriture, jerrican(s) d’essence et matériel divers à emporter en cas d’ évacuation afin de ne rien oublier dans la précipitation. Prévoir également un système vous permettant d’uriner sans avoir à arrêter la voiture ou à devoir en débarquer. Des objets hygiéniques et ingénieux existent, renseignez-vous.
  • Couper la climatisation de votre véhicule pour économiser le carburant (elle entraine une surconsommation de l’ordre des 20%).
  • Régler votre radio sur une station d’informations ou d’infotrafic.
  • Verrouiller votre habitacle et ne pas baisser vos vitres si vous roulez à vitesse réduite même s’il fait chaud.
  • Avoir à portée de main une arme à feu ou un objet contondant (couteau, marteau, petite batte, matraque, cric, etc.) pour vous défendre en cas de besoin. Attention aux bombes lacrymogènes ! Leur utilisation risque de contaminer votre habitacle, de vous immobiliser et de vous rendre vulnérable pour un long moment !
  • Assembler votre sac d’ évacuation en amont au cas où vous deviez abandonner votre véhicule et continuer à pieds.

03.3 Le choix du véhicule d’évacuation

Il n’est pas nécessaire d’acheter un véhicule spécifiquement étudié pour l’ évacuation, néanmoins si vous envisager d’acquérir une voiture ou d’en changer et que vous considérez cette problématique préférez un modèle gris ou noir doté d’un grand volume de coffre, d’un moteur puissant et de 4 roues motrices, de préférence avec une boite manuelle et sur lequel un pare-buffle peut être adapté. L’intérêt du moteur puissant, des roues 4×4 et du pare-buffle est de pouvoir pousser ou encaisser des obstacles sans endommager la partie avant (radiateur, phares, bloc moteur, structure de caisse).

Si vous devez taper dans un véhicule abandonné pour dégager votre route, préférez toujours le heurter par l’arrière : un bloc moteur pèse 150kg en moyenne et la plupart des éléments de poids sont situés à l’avant des véhicules, vous avez donc plus de chances de les écarter de votre chemin en les attaquant par les ailes arrière.

Concernant le type de carburant à privilégier, le choix est ouvert : les moteurs au sans-plomb sont plus fiables et moins chers que les diesels à l’achat mais permettent de parcourir un peu moins de distance avec un plein et coûtent plus cher à la pompe. Le diesel est le carburant le plus répandu en France (70% du parc automobile) et sera donc en rupture plus rapidement mais des carburants alternatifs peuvent être utilisés en remplacement. L’hybride est pratique mais très complexe de fonctionnement donc difficilement réparable en cas de panne…chaque système a des avantages et des inconvénients à étudier. Le tout électrique ou tout GPL est par contre à proscrire car trop dépendant des rares stations de rechargement.

Dans l’idéal, les véhicules contenant trop d’électronique complexe devraient être évités car leur réparation nécessite des moyens techniques disponibles uniquement en garage. Le Dacia Duster par exemple est un véhicule intéressant : 4×4 rustique basé sur des technologies des années 2000 et vendu à des prix accessibles, une foule d’accessoires utiles peuvent lui être ajouté : barres de toit pour galerie, pare-buffle, traverse d’attelage, etc., il constitue donc un bon moyen d’ évacuation.

 

04. Évacuation pédestre, aérienne, ferroviaire et maritime

04.1 Évacuer à pieds : « Un kilomètre à pieds, ça use, ça use… »

Évacuer une grande ville à pieds est possible mais peu pratique en particulier avec des enfants et doit être considérée comme dernier recours et selon la distance à parcourir. Si cette solution est envisageable depuis les villes de province qui ont l’avantage de ne pas être ceinturées par un périphérique et des zones malfamées très peuplées, l’emport de chaque personne est limité et le risque de faire de mauvaises rencontres sur le chemin reste élevé. Dans les situations de crise où les services publics ne sont plus en mesure d’assurer la protection des personnes, mieux vaut avoir une carrosserie autour de soi. Si vous partez à pieds, assurez-vous de prévoir le matériel adéquat et d’emporter quoi vous défendre.

04.2 Air Force One

Si l’ évacuation par voie aérienne semble souvent la meilleure des solutions, elle suppose de savoir anticiper la situation, de s’y prendre suffisamment en amont pour obtenir de la place sur un vol et de pouvoir rallier l’aéroport sans se faire piéger dans des embouteillages monstres et une marée humaine dans les terminaux. En cas de problème grave (épidémie, catastrophe industrielle, guerre civile) il y a fort à parier que des équipages et personnels techniques nationaux manquent à l’appel et que les appareils soient cloués au sol. Et si votre destination est à l’étranger, encore faut-il que le pays de destination accepte de vous laisser embarquer et de vous accueillir une fois sur place.

04.3 A nous de vous faire préférer le train

L’ évacuation par voie ferroviaire à partir des grandes villes ne semble pas une option viable en cas d’urgence puisqu’elle suppose que les lignes soient fonctionnelles et que l’ensemble du personnel SNCF assure le service (conducteurs de trains et aiguilleurs en particulier). Les dysfonctionnements du rail étant nombreux au quotidien, il ne semble pas raisonnable de compter dessus en cas de chaos. N’évoquons même pas la marée humaine dans les gares et les scènes de rixe auxquelles on assisterait pour monter à bord des trains, en particulier en région parisienne.

04.4 Hisser les voiles : une solution viable, matelot

Prendre la fuite à bord d’un bateau est, lorsque les circonstances le permettent, certainement une des meilleures solutions à disposition. Les voiliers n’ont pas ou peu besoin de carburant et leur rayon d’action est extrêmement large. Ils permettent d’emporter un stock volumineux, peuvent aisément accueillir une famille entière et ne risquent pas d’être bloqués dans les embouteillages. Peu de gens savent naviguer et 90% du parc de bateaux amarré dans les ports de plaisance ne prend la mer que quelques jours par an. Il y a fort à parier que nombre de voiliers et autres embarcations seront abandonnés à qui veut les prendre en cas de panique généralisée, mais encore faut-il savoir naviguer pour ne pas aller à la catastrophe. A Paris, le canal de l’Ourcq et la Seine accueillent péniches et voiliers (à savoir : ceux en état réel de naviguer sont démâtés pour pouvoir passer sous les ponts). Attention néanmoins aux écluses qui constituent des obstacles de taille quand on ne sait pas les actionner et des zones de haute vulnérabilité le temps de leur traversée. Si le sujet vous intéresse et qu’il y a des ports de plaisance dans votre région, vous pouvez vous adresser aux propriétaires de bateaux qui se feront sûrement un plaisir de vous renseigner. Naviguer ne s’improvise pas, si vous envisagez cette option donnez-vous les moyens de parcourir plus d’un mile nautique et de ne pas finir à la sauce.

Peu importe le mode d’ évacuation choisi, l’anticipation est la clé. Qu’il s’agisse de la voiture, de l’avion, du train, de la marche ou du bateau on se rend compte que la décision d’évacuer doit être prise très rapidement, avant que tout le monde ne se décide à faire la même chose et que la situation devienne impraticable. Il faut donc étudier la question au préalable pour établir des itinéraires de fuite accessibles et interchangeables le moment venu.

Achetez ou imprimez des cartes de votre ville et de votre région, tracez-y les itinéraires possibles et les points stratégiques (sources d’eau potables, supermarchés & grandes surfaces de bricolage, pompes à essence, hôpitaux, casernes, points chauds à contourner, etc.). Cela vous donnera une vision claire des possibilités qui s’offrent à vous.

 

05. Évacuation d’urgence : s’exfiltrer en terrain inconnu

Un cas est rarement abordé lorsqu’on parle d’ évacuation : s’exfiltrer en terrain inconnu . S’il est facile et rassurant de s’imaginer chez soi avec ses stocks et ses plans d’actions et d’évacuation lors de la survenue d’une catastrophe, la nature même de l’événement imprévu implique qu’il peut survenir lorsqu’on est au travail, en déplacement ou encore en vacances à plusieurs centaines de kilomètres de son domicile. Dans ce cas de figure, voici comment procéder pour ne pas se laisser déborder :

1) Tachez d’obtenir le maximum d’informations sur la situation en écoutant la radio, les bulletins télévisés et en interrogeant les gens autour de vous : nature du problème, épicentre de l’événement, conséquences immédiates et à venir, zone de sûreté présumée, tachez d’obtenir le maximum de renseignements. Si vous n’avez pas la possibilité d’obtenir des informations, observez les environs de l’endroit où vous vous trouvez (colonnes de fumée, bruits, émeutes dans les rues, déploiement de forces, mouvements de panique). Ne tentez pas d’évacuation sans savoir où vous vous dirigez, vous pourriez aggraver votre situation !

2) Si votre position ne vous semble pas sûre, quelle qu’en soit la raison, n’attendez pas et agissez. Faites le point sur vos ressources. Si vous n’avez pas votre EDC avec vous, tachez de réunir le maximum de matériel utile pour couvrir vos besoins tout en restant mobile. L’improvisation et l’adaptation sont primordiales ici. Ce que vous emportez lors de l’évacuation doit tenir sur vous et dans un sac à dos sans vous ralentir ni entraver vos mouvements. Bouteilles d’eau, lampe torche, briquet et allumettes, vêtements adaptés aux mœurs et aux conditions climatiques, couvertures, barres de céréales ou autres gâteaux, médicaments, couteau (dans l’urgence, même un couteau de cuisine fait l’affaire), téléphone, papiers d’identité et argent. Si des éléments vous manquent ne perdez pas de temps à chercher, vous tâcherez de trouver ce qu’il vous faut sur votre chemin.

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3) Où que vous soyez, gardez à l’esprit que votre priorité est de vous éloigner du danger sans pour autant courir vers l’inconnu. L’objectif est de vous mettre en sécurité, il est donc préférable de progresser par étapes plutôt que d’avancer sans avoir de plan. N’hésitez pas à faire des stops en vous abritant dans des bâtiments pendant quelques minutes ou quelques heures pour faire le point sur la situation et tenter d’obtenir de nouvelles informations avant de vous remettre en route.

L’évacuation est un cas d’urgence. N’hésitez pas à vous créer des entrées et des sorties : une rue barrée peut être contournée en se frayant un chemin par les immeubles. Il est plus judicieux d’avancer lentement en adaptant ses plans aux circonstances que de foncer tête baissée vers ce qu’on croit être de la sécurité. En cas de conflit social, évitez à tout prix de vous mêler à une foule en colère et ne vous approchez pas non plus des forces de police. Contrôlez vos émotions : gardez une attitude et une expression faciale neutres, ne criez pas, ne faites confiance à personne, ne vous mêlez de rien, ne déviez pas de votre but et restez éloigné de toute forme de violence.

Si vous respectez ce mode opératoire, vous maximiserez vos chances de réussir votre évacuation.

Qu’en pensez-vous ? Avez-vous prévu du matériel et un plan d’évacuation ? Une telle nécessité vous semble-t-elle plausible ?