Le confinement survivaliste

Dans le jargon survivaliste, se confiner signifie s’isoler du monde extérieur en s’enfermant dans son domicile de façon à se protéger d’une menace extérieure. Qu’il s’agisse de se protéger d’une contamination ou d’un ennemi le but est le même : éviter les contacts avec le monde extérieur et les dangers qui y sont liés.

En alternative au confinement, l’évacuation (c’est-à-dire le repli vers un lieu situé en dehors de la zone touchée par les troubles) est souvent présentée comme la solution ultime pour la grande majorité des scénarios envisagés. En réalité, si cette option est à la portée de certains survivalistes, elle reste matériellement impossible pour le plus grand nombre.

Dire « j’évacue en cas de problème » avec un air futé et se constituer un sac d’évacuation contenant trois conneries qui servent plus à rassurer qu’autre chose, tout le monde peut le faire. Mais sorti du fantasme, quand on vit dans une grande agglomération et qu’on a des moyens financiers limités, pas de point de chute sûr en province ou à l’étranger voire pas de véhicule ni même l’assurance de pouvoir s’en servir, l’évacuation est une pure hérésie. Avoir un plan d’évacuation est important, mais encore faut-il pouvoir le mettre en œuvre le moment venu : si la fuite est impossible, le confinement est la seule option restante.

Contrairement aux rats qui fuient d’instinct en un éclair, les humains analysent et jaugent les situations avant de se décider à tenir la position où à effectuer un repli. Ne serait-ce que pour garantir que ce processus plus ou moins bref se passe dans les meilleures conditions possibles, il est essentiel d’être capable de se confiner avec ses proches dans son domicile et d’y être en sûreté.

Avant de parler d’évacuation ou de confinement, il faut savoir à quels types de scénarios on se prépare. Par exemple, l’évacuation du domicile pour fuir un incendie n’a rien à voir avec la fuite de troubles sociétaux, aussi sérieux soient-ils. Quand la maison brûle, on attrape ses enfants, son sac d’évacuation et on quitte les lieux.

Dans cet article, c’est un scénario de troubles sociétaux que je vais adopter car c’est une des principales préoccupations des survivalistes.

Qu’on se comprenne, je parle ici de confinement EN VILLE et d’un scénario de troubles temporaires (10 à 90 jours maximum). Il faut être réaliste : si demain les missiles ou les météorites pleuvent sur Paris ou Lyon, tout le monde sera logé aux mêmes enseignes : exode ou cimetière. Il faut garder les pieds sur terre et se préparer au plus probable. Un conflit de grande envergure impliquant des destructions massives n’est, à ce jour, pas d’actualité.

Avantages et inconvénients du confinement

Si vous décidez de vous confiner en cas de catastrophe, vous aurez plusieurs choses importantes de votre côté. Evidemment, le confinement à domicile présente aussi des inconvénients…le contraire serait trop facile.

Accessibilité des stocks

Si vous vous êtes préparé correctement, vous disposerez de réserves importantes pour survivre au moins plusieurs dizaines de jours sans peine. Votre appartement ou maison devrait contenir suffisamment de nourriture, d’eau et de produits de première nécessité pour survivre au moins 1 mois sans avoir à mettre le nez dehors. Il est également beaucoup plus facile de se protéger dans l’environnement familier du domicile, surtout si vous avez de quoi vous défendre « sérieusement ».

En revanche, les stocks de produits de 1ère nécessité et de denrées alimentaires sont voués à être consommés. Si la période de confinement pour laquelle vous vous êtes préparé est dépassée, vous devrez vous aventurer au dehors pour vous ravitailler. En fonction du contexte, cela pourrait être une expérience risquée et potentiellement vaine.

Déplacements

Les déplacements en cas de catastrophe sont presque toujours dangereux, encore plus dans un contexte d’affrontements urbains. Rester à la maison élimine le risque de conduire ou de marcher à pieds dans des situations dangereuses et des lieux inconnus.

Facteurs climatiques

Rares sont ceux à le prendre en compte, mais évacuer l’été et l’hiver sont deux choses vraiment très différentes. Le confinement à domicile vous évite d’avoir à affronter des conditions climatiques défavorables et néfastes pour votre santé et celle de vos proches. Vous pouvez vous imaginer évacuant à fond la caisse, votre petite famille chantant à l’arrière de votre voiture pendant que la pluie tambourine sur la carrosserie… mais si vous devez quitter votre véhicule, la chanson va vite changer. Surtout si vous ne savez pas où vous allez ou que votre point de chute est encore à 250 kilomètres. En tant que chef de famille, vous êtes responsable de la sécurité de celle-ci alors pensez-y plutôt deux fois qu’une.

Se confiner chez soi quand les températures sont douces ne présente pas de challenge extraordinaire. En revanche, prévoyez des ventilateurs pour les périodes de forte chaleur et de quoi vous maintenir au chaud au cas où vous seriez privé de chauffage pendant l’hiver. Se les geler ou mijoter à petit feu dans sa sueur sans pouvoir rien y faire est un supplice, sans parler du fait que cela vous amènera à consommer vos stocks d’eau et de nourriture plus vite que prévu.

Facteurs psychologiques

Si un homme ou une femme seule saura éventuellement tirer son épingle du jeu en évacuant (paquetage léger, faible signature visuelle et sonore, gestion autonome, pas de contraintes liées à d’autres « voyageurs »), il en est tout autre pour une famille dont la plupart des membres ne sont pas aguerris. Les enfants, qu’il s’agisse d’un bébé ou de jeunes adolescents, ne sont pas équipés physiquement ni psychologiquement pour affronter un périple d’une durée indéterminée et où le stress et le danger sont permanents.

Le revers de la médaille du confinement c’est qu’on sait que sortir est dangereux et pourtant au bout d’un moment, on ne pense plus qu’à ça. Respirer l’air frais, voir le soleil ou sentir l’air frais du soir, voir ce qu’il se passe dans la rue, se dégourdir les jambes… tout le monde est pris de ces envies tôt ou tard. Cela peut vous mettre en danger et/ou créer des tensions entre les membres de la famille qui veulent sortir et ceux qui leur interdisent de le faire. Engueulades dans lieu clos = gros problèmes en perspective.

Risque d’incendie

Dans les situations dégradées où la population est privée du confort courant (éclairage, plaques de cuisson, chauffage, eau chaude, etc.), le risque d’incendie augmente considérablement. Ce n’est qu’une question de temps (et de chance) avant qu’un voisin ne foute le feu à son appartement en oubliant d’éteindre une bougie ou en essayant de faire chauffer son repas avec les moyens du bord.

Les grands incendies de l’Histoire ont démontré qu’une ville entière peut brûler en un rien de temps, en particulier si les services de secours sont défaillants. Certes, nos habitations ne sont plus en bois comme c’était le cas au XVIIème siècle lors du grand incendie de Londres, en revanche nous avons désormais des conduites de gaz susceptibles de faire sauter des quartiers tout entiers.

Facteur temps

Rester à domicile vous permet de vous abriter rapidement du danger et d’éviter toute mauvaise surprise sur le chemin de l’évacuation. Mais si les troubles ne passent pas, prennent de l’ampleur et qu’il devient impossible d’évacuer ou que votre domicile brûle dans un incendie, il y a des chances que vous regrettiez votre décision.

Chacun d’entre nous saura faire une liste plus personnelle des avantages et inconvénients liés au confinement. Dans de nombreux scénarios, le confinement constituera le choix idéal et un excellent moyen de vous protéger, vous et votre famille, en toute sécurité pendant des temps dangereux. Dans d’autres, il vous condamnera à une mort certaine.

 

Confinement vs. Evacuation et ville vs. campagne, même combat ?

« La ville est perdue. Ceux qui y restent sont condamnés. »

J’entends souvent cette phrase de la part de ceux qui vivent en province ou rêvent de s’y installer.

C’est vrai, dans les agglomérations le danger est plus présent qu’ailleurs et la concentration de population est un problème. Cela dit, les villes moyennes et grandes ont aussi leurs avantages : les commerces y sont nombreux (même si cela peut ne durer qu’un temps), la diversité des services fait qu’on y trouve des gens possédant beaucoup de qualifications différentes et leur intérêt stratégique fait que généralement, c’est là que l’ordre est rétabli le plus rapidement lorsque des catastrophes frappent ou des conflits éclatent.

Je sais que ce n’est pas une vérité générale, mais ce sont des éléments à intégrer à nos réflexions avant de tenter de fuir la ville à tout prix. L’exemple du siège de Sarajevo, qui revient dans nombre de discussions, ne doit pas non plus être mis à toutes les sauces : il s’agit d’un siège moderne, la situation était très particulière et les parallèles couramment établis ne sont pas toujours justes.

« Et je soufflerai sur ta maison ! »

Penser que la campagne ou la province constitue le refuge ultime en cas de guerre est –à mon sens- une bêtise sans nom.

Je me souviens d’un survivaliste qui me disait ne rien risquer ou presque car sa maison était assez isolée et surtout bien défendue (4 hommes armés de fusils). Les gens ont tendance à s’imaginer les conflits tels qu’on les voit dans les films, avec des conditions d’engagement classiques (échange de coups de feu, en gros).

Cela n’engage que moi mais si je dois me mettre dans la peau de celui qui veut la vôtre, je préfère de très loin devoir prendre d‘assaut une maison qu’un appartement. Les angles d’attaques sont plus nombreux, les angles morts aussi et les faiblesses de la structure sont facilement identifiables (ne serait-ce que la toiture). J’ajouterai qu’à mon sens, une maison trop bien défendue pour être prise intacte sera rasée. Les incendies ne sont pas tous accidentels…

S’engouffrer dans un appartement suppose de franchir une unique porte palière (couloir de la mort) qu’il faut déjà avoir pu fracturer… Pour une colonne du RAID équipée d’un bélier pneumatique et d’un bouclier blindé c’est déjà très risqué, alors pour le commun des mortels c’est l’abattoir assuré.

Oui cher lecteur, il n’existe pas de planque idéale. Quand tout dérape, nul n’est à l’abri. Si la civilisation s’effondre, celui qui reste en ville finira par crever de faim ou par se faire tuer et celui qui croyait vivre heureux en vivant caché apprendra à ses dépens que le monde est tout petit. Sur une durée suffisamment longue, l’espérance de vie tombe pour tout le monde à zéro.

C’est pour cette raison que j’écris dans mon manifeste que notre but doit être de redonner du bon sens et du souffle à l’échange et à l’entraide entre les citoyens Français pour créer un peuple fort et uni. Le survivalisme doit devenir un socle qui consolide la nation ou il ne servira à rien.

 

Préparer son appartement pour le confinement

Voici l’expérience de Patriark, fidèle lecteur de RU, avec qui j’ai eu le plaisir d’échanger sur le sujet. Je suis persuadé que si chaque citoyen imitait sa démarche, notre France serait bien plus forte et résiliente.

« Quand j’ai commencé à m’intéresser au survivalisme, je louais un 2 pièces de 40m² dans le XIXème arrondissement de Paris, près de la porte des Lilas. Il était situé au 1er étage de l’immeuble et donnait sur la rue avec du vitrage simple et vraiment pas récent. Comme les huisseries, la porte d’entrée était en bois et se tordait à la plus légère pression. Les coupures d’eau étaient courantes et longues, parfois plusieurs jours d’affilée à cause de la vétusté de l’immeuble, c’était hallucinant. Je n’avais aucun lieu de stockage sain (la cave était minuscule et pourrie d’humidité) donc aucune possibilité de mettre des provisions de côté et la place de parking que je louais était à 15 minutes de marche.

La question que je me suis posée est simple : dans ces conditions comment me mettre à l’abri en cas de troubles graves (conflit civil, émeutes, pilleurs, etc.) tout en restant en ville, à mon domicile ?

Je n’ai pas de maison ni de famille ailleurs en France. Prendre la route n’a pas de sens dans mon cas, je compte peu sur l’hospitalité des inconnus et je doute fort qu’en cas de blackout un hôtel prenne ma réservation. Après avoir étudié ma capacité à me confiner en appart avec ma femme et mon fils de 3 ans sur une longue période et mes chances de nous protéger efficacement, j’ai compris qu’il fallait que je bouge rapidement. J’ai défini mes critères de sécurité pour un prochain logement (toujours à Paris, je n’ai pas le choix pour gagner ma vie) avant de chercher un domicile qui se rapproche au mieux de mes besoins.

Voici quels étaient mes critères pour ce nouveau logement :

  • Construction moderne : normes de sécurité à jour, plomberie moderne, protection du béton.
  • Gardien : entretien et connaissance des lieux, réception correcte du courrier et sécurité courante.
  • 2ème étage minimum, 4ème étage maximum : bon ratio tranquillité/évacuation incendie.
  • 2 portes sécurisées avec pass Vigik et digicodes avant d’accéder au bâtiment : ça limite l’accessibilité et le risque de trouver des intrus dans les étages.
  • Appartement ne donnant pas directement sur la rue, en retrait de 20 mètres minimum : en cas de troubles dans la rue (voitures incendiées, coups de feu, repérages, etc.), l’appartement n’est pas directement exposé.
  • 60m² à 70m², je voudrais plus mais à Paris c’est déjà beaucoup…
  • Porte blindée : ça limite le risque, même si on sait qu’un individu déterminé finira par entrer.
  • Double vitrage PVC étanche : l’avantage du double vitrage PVC, au-delà de l’isolation phonique, est que les joints sont généralement très efficaces. Les vitrages bois sont souvent perméables et ceux qui vivent aux abords des lieux où les manifestations sont fréquentes savent que le froid et les effluves de gaz lacrymogène s’y infiltrent sans problème.
  • Stores à toutes les fenêtres : une protection et une isolation supplémentaire.
  • Cave saine pour le stockage : parce qu’entreposer 1,5T d’eau sous le lit n’est pas pratique.
  • Box en sous-sol pour garer mon véhicule et stocker des produits de première nécessité volumineux (Packs de papier toilette, bombonnes d’eau, etc.).
  • Proche de plusieurs supermarchés et d’un hôpital : approvisionnement facile en cas de besoin urgent et accès rapide aux soins en cas de besoin.

Après l’avoir trouvé et m’y être installé, j’ai suivi tes conseils et ai d’abord aménagé puis sécurisé mon box et ma cave avec des serrures difficiles à forcer, des produits d’isolation et des alarmes autonomes (ce modèle marche extrêmement bien). Ainsi, je peux stocker du matériel hors de mon appartement tout en l’ayant à portée de main et sans avoir trop à m’inquiéter d’éventuelles effractions.

Après avoir mis en sûreté et organisé mes stocks déportés, j’ai condamné les bouches d’aération des toilettes, de la salle de bain et de la cuisine en les recouvrant avec des plaques de PVC et des joints de mastic pour m’isoler du reste de l’immeuble. En dépit des filtres, d’innombrables germes se propagent par ces conduits comme en témoignent les moisissures qui apparaissent souvent à leurs abords (cf. article de Légendat sur les pandémies). Mieux vaut aérer régulièrement en ouvrant les fenêtres quand c’est possible. De plus, si je dois me confiner au sens premier du terme, je n’ai plus à me préoccuper de ces arrivées d’air.

En cas de risque de souffle (tempête, explosion…), j’ai du duct tape pour sur-étanchéiser et sécuriser les vitrages (déjà un peu protégés par les stores) en recouvrant les joints et en faisant une étoile pour éviter les projections de verre et nous irons nous réfugier dans la salle de bain, qui n’a pas de fenêtre et est suffisamment grande pour qu’on y tienne tous les trois. Je stocke quelques planches de contreplaqué à la cave pour condamner complètement les fenêtres en cas de besoin. Une fois la porte barrée et calfeutrée, les stores baissés et les fenêtres sécurisées, je peux me reposer sur mes stocks pendant au moins un mois. Alimentation, éclairage, chauffage, communications, médecine de base, outils, tout est disponible en cas de besoin. L’un dans l’autre ce n’est pas grand-chose, mais cela nous apporte une tranquillité d’esprit. Tout est prévu pour que nous n’ayons pas besoin de sortir (en dehors de quelques allers-retours à la cave ou au box), et j’ai aussi de quoi m’assurer que personne ne puisse rentrer sans que je l’aie invité. »

 

Et vous, qu’avez-vous prévu ?

Légendat