Se défendre quand on est une femme est plus complexe que quand on est un homme. Les femmes, comme les enfants malheureusement, sont des cibles de choix pour les voleurs, violeurs, tueurs. Proies souvent moins vigilantes et plus « faciles » que les hommes, elles font face à toute sorte de dangers au quotidien.

La prolifération de la vidéosurveillance dans notre société a provoqué la mise en ligne d’innombrables images d’agressions et de crimes sur les plateformes de visionnage en ligne comme YouTube. Après avoir étudié une dose vomitoire de violence «réelle» au travers de ces vidéos, en particulier lorsque la victime est une femme, j’ai identifié trois techniques que les criminels utilisent régulièrement pour maîtriser ou tétaniser une victime afin de la rendre incapable de se défendre.

Le prédateur chanceux n’aura peut-être besoin que d’une technique, les plus « talentueux » pouvant utiliser les trois. Je les appelle par l’acronyme EDA qui signifie Embuscade, Distraction et Asymétrie.

Embuscade : attaquer par surprise, tendre un piège et attendre sa proie.

Le criminel a l’avantage de choisir le lieu et le moment de l’attaque et se défendre quand on est une femme ou un homme est toujours complexe. Tout comme un chasseur choisit soigneusement les emplacements de ses pièges et abris d’observation, les criminels ne choisissent pas la victime, le moment ou le lieu des attaques au hasard (comme le démontre la triste affaire Sophie Le Tan, parmi tant d’autres). Il n’y a pas d’actes de violence aléatoires. Il y a une raison pour laquelle un certain environnement ou profil de victime a été sélectionné – c’est toujours parce que cela a facilité le crime d’une manière ou d’une autre.

L’embuscade est accomplie lorsqu’un ou plusieurs facteurs sont en faveur de l’attaquant. Les éléments les plus utiles au criminel sont la surprise et la mobilité limitée de la victime, en raison de contraintes environnementales et du manque de conscience de la situation de la victime. En termes simples, le méchant sait que si vous ne pouvez pas le voir venir et que vous ne pouvez pas vous échapper, il peut vous prendre/faire ce qu’il veut et partir, toujours en s’assurant qu’il ait un risque limité de se battre avec vous ou de se faire prendre.

Embuscade à travers l’ENVIRONNEMENT et la SURPRISE

La capacité instinctive à reconnaître les zones impliquant des contraintes de mobilité est la raison pour laquelle nous refusons de rentrer dans les ruelles, d’utiliser les guichets automatiques des banques trop exposés, de monter dans les ascenseurs avec des inconnus au physique inquiétant ou de laisser les piétons s’approcher de notre véhicule quand on attend au feu rouge. Même les instincts de survie des personnes les plus inconscientes commencent à picoter sérieusement lorsqu’elles s’aperçoivent qu’elles sont piégées. Les pièges environnementaux peuvent être définis par plus qu’un simple emplacement physique.

Se défendre quand on est une femme qui est attaquée alors qu’elle est avec ses enfants (le pire : avec le bébé dans la poussette et c’est valable pour les hommes aussi) est tout aussi contrainte par la présence des enfants qu’elle n’abandonnera pas que si elle avait le dos contre un mur : la fuite à toute vitesse est impossible.

Ceux qui connaissent bien le code d’attention de Cooper savent qu’une personne dont le niveau de vigilance est faible risque davantage d’être une cible criminelle qu’une personne qui scrute activement son environnement.

Et pourtant, Internet regorge d’images de vidéosurveillance de personnes qui ont glissé dans un niveau de conscience dangereusement bas et qui ont foncé la tête la première dans le danger.

La défense contre une embuscade consiste d’abord à connaître son environnement. Acceptez le fait que vous pouvez faire face à une confrontation violente absolument partout, même si certaines conditions sont plus favorables que d’autres.

Bien que nous n’ayons pas toujours le choix d’éviter les environnements à haut risque, nous avons toujours la capacité de prêter attention à ceux qui entrent et sortent de notre environnement.

Distraction : Action de distraire, manque d’attention habituel ou momentané.

Cette technique pourrait tout aussi bien être appelée «détournement» ou «déguisement». Le but ultime de la distraction est essentiellement le même que l’embuscade. Utiliser des ruses ou des pièges pour s’immiscer dans l’espace personnel de la victime ou la faire entrer dans le sien est souvent utilisé en conjonction avec une tactique d’embuscade.

Un chasseur camouflera toujours son odeur et ses vêtements pour se fondre dans le décor. Il encouragera les animaux à s’approcher de lui en plaçant des appâts. Il utilisera même des leurres en plastique et des cris électroniques pour attirer sa proie.

Il est important de souligner que tous les criminels ne font pas l’effort de dissimuler leurs intentions lors d’une attaque. Tous les braqueurs de banque ne prétendent pas d’abord être des clients avant de sortir leurs armes. Tous les cambrioleurs ne se font pas passer pour des employés d’EDF pour faire des repérages préalables, tous les violeurs ne jouent pas d’abord le rôle du dragueur charmant. Tous les voleurs ne prétendent pas demander l’heure ou ont besoin d’indications pour trouver la rue Machin.

Les criminels savent qu’ils n’appartiennent pas au monde des « bonnes personnes ». Les plus intelligents d’entre eux savent faire semblant d’être comme vous et moi assez longtemps pour dissimuler leurs intentions et nous distraire de la situation dangereuse dans laquelle nous ne savons même pas que nous sommes.

Asymétrie du rapport de force : variable qui donne à une partie un avantage physique décisif par rapport à une autre.

Quels que soient les moyens dont dispose un individu pour se protéger, c’est l’attaquant qui a le dessus tactique et donc la disparité de la force. Cela est vrai pour au moins deux raisons.

# 1 L’attaquant a non seulement l’avantage de l’arme physique qu’il a éventuellement apportée, mais aussi l’avantage de savoir quand et où l’attaque aura lieu. Cela signifie qu’il sera en mesure de porter le premier coup pour affaiblir la victime qui devra alors se défendre après avoir déjà subi des blessures incapacitantes (coup derrière la tête, coups de couteau, etc.).

# 2 Personne ne cherche des poux à quelqu’un qui peut facilement le repousser ou renverser la situation. Au moment où il initie l’attaque, le criminel est généralement convaincu d’avoir la supériorité physique. Il sait ce qu’il a, ce qu’il veut et ce qu’il est prêt à faire pour l’obtenir.

Dans cette vidéo, on voit que l’agresseur surgit de l’autre côté de la rue. La victime a essayé de parlementer (lourde erreur) et de se défendre en vain. Elle finit au sol, inerte.

Eviter le danger : la vigilance et l’instinct

Il y a une raison pour laquelle il existe des catégories de poids dans les sports de combat. Pour qu’un homme réussisse à maîtriser une femme, il n’a généralement besoin que de ses avantages en termes de poids, de vitesse, de taille et de force.

La plupart des cours d’autodéfense consacrent la majeure partie du temps d’entraînement à l’apprentissage de la maîtrise physique pour compenser l’asymétrie du rapport de force victime vs. attaquant.

Mais si nous connaissons les stratégies d’embuscade et de distraction qui précèdent généralement la phase finale et surtout si nous y prêtons une attention soutenue nous pouvons lire les signes avant-coureurs d’une agression et priver un prédateur de la proie facile qu’il espérait.

Il existe de bons samaritains mais l’espèce est en voie de disparition. La plupart des passants sont plus enclins à sortir leur smartphone pour capturer la prochaine vidéo virale qu’à vous fournir une assistance en cas d’urgence.

Conseils de bon sens pour se défendre quand on est une femme

Intéressez-vous au principe de l’homme gris et à son intérêt dans la sphère de la défense.

Ouvrez grand vos yeux et faites attention à ce qui se passe autour de vous.

Regardez au loin le trajet que vous devez emprunter. Si quelque chose vous semble suspect, évitez la rue en question.

Ne vous aventurez pas dans des endroits réputés dangereux.

Si un coin a l’air dangereux ou mal famé, c’est probablement qu’il l’est et vous devez l’éviter. On n’aurait pas assez d’encre pour lister le nombre de victimes qui le sont devenues parce qu’elles se sont senties bêtes d’avoir peur et qui se sont forcées à emprunter le mauvais chemin en dépit de leur pressentiment.

Que vous ayez 18 ou 60 ans, quand vous sortez tard, faites-vous systématiquement raccompagner par un(e) ou des ami(e)s. Une femme seule dans une rame de métro/RER ou dans une rue déserte est un appel irrésistible pour les prédateurs en tout genre.

Si personne ne peut vous raccompagner, rentrez en taxi.

Portez des chaussures qui vous permettent de courir. Les escarpins et talons hauts sont jolis, mais ils font mal aux pieds et entravent votre mobilité.

En cas d’agression ou de début d’agression (un inconnu vous suit, vous harcèle sur le chemin etc.) HURLEZ AU SECOURS et enfuyez-vous. C’est simple et cela a sauvé la vie à beaucoup de femmes.

Équipez-vous a minima d’une alarme personnelle électronique : ces petits porte-clés d’alerte produisent 150 décibels, c’est très dissuasif pour un agresseur qui recherche la discrétion pour commettre son forfait. Une bombe de gel lacrymogène Sabre Red coûte moins de 20€ et est indispensable, surtout pour faire face à plusieurs agresseurs.

Légendat