La survie urbaine est une discipline complexe et rares sont les témoignages de ceux qui ont survécus à un conflit ou à une catastrophe dans un grand centre urbain. Comme je l’explique dans mon article sur le survivalisme en France, la plus grande part de la population française est confrontée à des problématiques de résilience en ville.

La haute concentration d’individus dans des secteurs aux ressources limitées ou épuisées ne peut rien amener de bon en cas de chaos. Face à ce constat, nous n’avons d’autre choix que de travailler à développer notre résilience en ville pour faire face aux situations extrêmes qui pourraient bientôt nous frapper.

Lorsque j’ai écrit sur la préparation au risque pandémique en 2018, ce scénario appartenait à la science-fiction pour le grand public. La propagation du Covid et son aggravation progressive démontrent que nous ne sommes à l’abri de rien.

Nous allons donc repasser en revue les compétences et contre-mesures indispensables à la résilience en ville. Chaque lien renvoie à mes écrits sur le sujet concerné, faites-vous un café avant de vous lancer car vous avez de la lecture en perspective…

1 – Disposer d’un stock alimentaire (eau, purification d’eau, nourriture)

Bien qu’il tombe sous le sens que le stock d’eau personnel est l’élément le plus indispensable à la survie en ville, les stocks d’eau et de nourriture sérieux restent marginaux chez les survivalistes urbains, principalement à cause du manque d’espace de stockage.

résilience alimentaire

C’est beau, c’est bon et c’est utile.

En cas de catastrophe impliquant la rupture de l’approvisionnement en eau (panne de réseau, contamination, etc.) personne ne viendra vous livrer de quoi boire à satiété.

Pour rappel, l’eau pèse lourd et prend de la place… Imaginer se précipiter pour en acheter le plus possible est donc illusoire à moins de disposer d’un semi-remorque et d’une dizaine de bras pour tout porter. Et à condition qu’il en reste dans les grandes surfaces alimentaires évidemment…

Prévoyez un stock d’eau conséquent ainsi qu’un filtre à eau sérieux capable de traiter un grand litrage comme le Berkey.

En ce qui concerne l’alimentaire, les rations de survie font le job pour quelques jours ou semaines dans le meilleur des cas. Prévoyez une sélection variée d’aliments en conserves (industrielles ou faites maison) car manger la même chose à chaque repas aura raison de vous à coup sûr.

2 – Stocker des médicaments et apprendre les gestes qui sauvent

Stocker des médicaments courants (Doliprane, Smecta, Aspirine, Spasfon, etc.) est une nécessité absolue pour gérer les blessures légères et les états fiévreux.

Si vous souffrez d’une maladie et devez impérativement prendre un traitement, vous devez vous assurer de disposer d’un stock de médicaments suffisants pour couvrir la période la plus longue.

Apprendre à suturer une plaie peut également vous sauver la vie si vous vous blessez et que les services de secours sont hors service. Connaître les gestes qui sauvent est essentiel lorsqu’on ne peut compter sur personne, apprenez-les et n’hésitez pas à vous former aux premiers secours.

résilience gestes qui sauvent

La formation PSC1 est un minimum indispensable.

3 – Agir en homme gris : passer inaperçu pour survivre

Le concept de l’homme gris consiste à diminuer son empreinte pour évoluer dans un environnement hostile sans se faire repérer. En d’autres termes, cela signifie agir d’une façon qui n’attire pas l’attention des autres et/ou qui vous faire sortir du champ de recherche de l’ennemi : c’est l’art de se cacher à la vue de tous et l’une des composantes essentielles de la résilience en ville.

Plus vous vous démarquez dans une situation tendue, plus vous prenez de risques. Votre survie dépend de votre vigilance et de votre intégration au groupe, même s’il ne s’agit parfois que de traverser une rue. La discrétion est vraiment l’une des compétences de survie en ville les plus vitales que vous puissiez développer.

résilience en ville discrétion

Savoir être invisible aux yeux des autres est un atout de taille.

Si le civil lambda devra se contenter de tenir sa langue et de ne pas laisser transparaître ses émotions, les membres des FO, milis, ex-milis et professionnels de la sécurité devront redoubler d’efforts pour changer de gestuelle, de postures, de ton, de vocabulaire etc. s’ils souhaitent se fondre dans la masse. Un combattant sait reconnaître un combattant et ça peut vite devenir un problème quand les deux ne sont pas du même côté.

En contexte de crise, la sécurité opérationnelle a toute son importance. C’est pour cette raison qu’il faut éviter de faire remarquer que votre domicile est équipé pour affronter les crises. Par exemple, si vous subissez une coupure de courant durable et que des tensions commencent à se manifester, être le seul foyer allumé à des kilomètres à la ronde risque de vous attirer de sérieux problèmes.

De la même manière, il est important de bien choisir ceux que vous mettez dans la confidence de votre préparation. Limiter fortement le risque qu’on vienne toquer à votre porte pour vous « demander » de partager votre stock alimentaire de survie est primordial.

4 – Apprendre à négocier les situations tendues

Nous vivons un début de siècle ou la violence quotidienne dépasse l’entendement. La fracture sociale française ne peut qu’entraîner la croissance exponentielle de conflits interpersonnels qui vont de l’incivilité à la barbarie la plus brute.

Nous avons été habitués à une normalité qui disparait peu à peu et nous devons nous adapter aux situations nouvelles. Apprendre à ne pas se mettre en danger et à faire baisser la pression dans les situations violentes est une clé essentielle pour augmenter son espérance de vie.

5 – Accorder sa confiance au mérite

Beaucoup de gens naïfs pensent qu’être gentil garantit d’obtenir respect et gentillesse en retour. C’est faux. La confiance se gagne, en particulier quand la situation appelle à la prudence. Méfiez-vous des inconnus et des manipulateurs et comme disait le général américain James Mattis : soyez poli, soyez professionnel, mais ayez un plan pour tuer tous ceux que vous rencontrez.

Il est évident que l’entraide est d’une importance capitale dans les situations de crise mais vous ne devez pas être le dindon de la farce. Voyez au-delà des discours et des promesses d’aide et prévoyez de ne compter que sur vous-même en cas de besoin.

6 – Se former à la défense du domicile

Qu’il soit local et temporaire ou général et durable, un effondrement de la normalité augmente fortement le risque de faire face à des individus mal intentionnés, en particulier si vous avez échoué à ne pas vous faire remarquer.

Sécuriser votre domicile pour résister aux effractions et préparer votre famille à un scénario de défense personnelle est une étape très importante. Au moment où des hostiles passent votre porte, il est déjà trop tard.

Je crois aux valeurs d’entraide et de partage mais il y a une raison si le dicton « l’homme est un loup pour l’homme » a traversé les âges. Préparez-vous au pire et profitez du meilleur… mais n’oubliez pas de vous préparer au pire.

7 – Apprendre à bricoler, réparer et construire

Savoir créer et réparer le plus de choses possibles est une compétence de survie inestimable, quelle que soit la catastrophe à laquelle vous pouvez être confronté. On associe souvent activités manuelles et campagne, mais quoi de mieux que d’apprendre à faire les choses soi-même pour augmenter sa capacité de résilience en ville ?

Plus vous saurez comment réparer et entretenir votre domicile et ce que vous possédez plus vous limiterez vos dépendances et mieux vous vous porterez. Savoir bricoler ouvre un monde de possibilités et quand on est bien outillé, rien n’est impossible.

resilience-ville-soudure

La soudure par exemple ouvre des perspectives incroyables.

Les savoir-faire manuels sont de plus en plus rares et recherchés, cela pourrait être un moyen de tirer votre épingle du jeu si vous aviez à troquer vos services contre d’autres.

8 – Se préparer au confinement à domicile

Lorsque les catastrophes frappent, le premier réflexe est de chercher la sécurité de son domicile. Il faut impérativement que votre maison ou appartement vous permette de vous isoler du monde extérieur en cas de besoin.

Cela passe par un audit de sécurité de votre lieu de vie et par l’achat d’équipements vous permettant de vivre en autonomie le plus longtemps possible.

Si vous pensez que le confinement du Covid-19 vous a donné un bon aperçu de ce qu’est le confinement, vous avez tort. Basez vos réflexions et vos achats sur l’éventualité que vous ne puissiez plus du tout sortir de chez vous pendant 1 mois minimum et vous commencerez à établir des plans efficaces.

9 – Prévoir un plan d’évacuation en cas d’urgence absolue

La résilience en ville a ses limites. Il est possible que votre domicile soit inaccessible, détruit ou contaminé, il vous faut donc prévoir un plan d’évacuation solide pour exfiltrer votre famille si la situation l’exige.

N’oubliez pas que l’évacuation est un sujet complexe qui ne se limite pas à assembler des sacs de survie et que vous devez prévoir vos itinéraires de fuite et vos points de chute en amont.

Chaque situation est différente et j’oublie probablement des éléments que vous saurez me rappeler. Mais si vous travaillez à maitriser les points ci-dessus vous mettez toutes les chances de vous en sortir au mieux de votre côté, quelle que soit la crise à laquelle vous devrez faire face.

Contribuez à enrichir ce contenu en participant dans les commentaires ! Quelles sont les compétences et préparatifs qui vous semblent les plus importants dans votre situation personnelle et pourquoi ?

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